Rencontre conventionelle (PV Ayame)

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Il faisait froid ce matin là. Je ne savais pas quelle jour on n'étais, je ne sais jamais qu'elle jour on est, comme si mon activité nocturne avait eu raison de mon conformisme. Mais le vent glacé me rappelait à quel point j'étais humain, faible et à la merci du courroux de la nature. Cela faisait maintenant plusieurs années que je vivait dans la capitale nippone et pourtant, dans la froidure de l'hiver, aucun sentiment de nostalgie ne m'envahissait. C'était comme si j'avais toujours vécu ici, comme si j'étais venu au monde à l'âge adulte et que mon quotidien morne avait figé une sorte de stase mentale. Il n'y a pas de place pour le regret, pas de place pour un passé parsemé de trous noirs, juste une machine rouillée qui avance sans relâche sans même savoir ou elle finira. Je sortis les gants de ma poche et les enfilais rapidement. Le vent balayait l'avenue faisant voler ça et là de vieux morceaux de journaux dans une avenue quasi déserte. Tout les commerces était fermés, dimanche oblige. Tous sauf le petit libraire du coin de la rue que je connaissais bien. Je décidais alors de me réfugier chez lui avant de me rendre à la convention. Mais à ma grande surprise, il n'y avait personne dans la boutique. Je toquais une fois, deux fois, rien, et la porte était ouverte.

Je la poussais lentement... Un pressentiment m'indiqua de m’arrêter la, de faire demi tour et de ne plus jamais revenir mais une monstrueuse curiosité s'était dore et déjà emparée de moi. J'avançais pas à pas, semblable à un enfant craintif qui progresserait dans le noir le plus complet. Une odeur pestilentielle régnait dans la boutique...Mais alors que j'arrivais au niveau du comptoir, je glissais et me cognais violemment la tête contre le bord de ce dernier. Sous le choc, je me redressais lentement en me tenant la tête. Un peu troublé par ma pitoyable chute, je mis un moment avant d'en comprendre la cause. Je venais de glisser sur ce qui ressemblait fortement à une flaque de sang, étalée devant moi et qui continuais jusque derrière le comptoir belliqueux. Soudain la petite voix qui me suggérait auparavant la fuite se fit de plus en plus clair. Je n'avais pas encore repris tout mes moyens et la singularité de la situation me fit vaciller. En m'appuyant sur le comptoir, je parvins finalement à me hisser sur mes jambes et je me dirigeais rapidement vers la sortie, marchant désormais d'un pas vifs vers la faculté ou devait se dérouler ma convention.

"Il y a des matins ou il vaut mieux rester couché" pensais-je

Ce morbide crochet m'avais valu une sacré angoisse et un mal de tête à faire pleurer un chameau. Que s'était-il donc passé chez le libraire? Y avait-il un mort derrière ce comptoir? Faillait-il que j'appelle la police? non...Je me promis tout de même de suivre de près cette affaire à laquelle j'étais liée malgré moi...J'arrivais maintenant devant le forum. Pris dans mes pensées, j'avais avalé d'un trait la distance qui me séparait de la fac. Sur la devanture, une immense banderole trônait : "e-commerce, avenir du marketing ou phénomène de mode?". Toujours un titre accrocheur et au final une convention chiante à en mourir. Mais j'étais contrains et forcé par BTcom d'assister à ces fanfaronnades afin d'analyser les tendances du marché. Il y avait déjà énormément de monde et je ne parvenait pas à repérer le buffet dans ce pèle mêle de cravates et d'attaché case. De plus, l'expérience que je venais de vivre me troublais au plus au point...et ma tête me faisait un mal de chien. Je décidais d'aller me rafraîchir un coup afin d'avoir les idées plus claires. Je poussais la porte des toilettes après un slalom de haut niveau entre gérant de boites et commerciaux véreux. Ma tête me faisait de plus en plus mal et ma vue se troublait...Je tentais de m'appuyer sur le lavabo mais ma main glissa et je m'étalais sur le sol, inconscient. Ma dernière vision fut celle d'une corbeille pour serviettes hygiéniques...

"En plus je suis dans les toilettes des femmes..."

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L'horloge affichait 10h et quelques. Les secondes défilaient dans un léger cliquetis alors que mon esprit était totalement vide. Le réveille avait été difficile avec la nuit qu'elle avait passé. Une nuit qui ressemblait aux autres, aussi mouvementée que d'habitude. Ce n'était là, pas de l'ironie, puisqu'elle avait réellement eu du travail à faire, comme chasser un nouveau né dont son maître ne tenait pas les chaînes. Ce genre de situation commençait à l'essouffler, car ces derniers temps, c'était l'hécatombe. Elle ne vivait qu'à moitié, même si elle arrivait quand même à rentrer de son boulot de nuit pour s'attaquer à son boulot de 'jour'. Elle avait reçu quelques commandes de l'une de ces dernières créations, une carte de naissance à petit format décoré de ficelles dorées et argentées. L'image dévoilait le visage d'un nouveau né souriant, le visage bien brillant, enroulé dans un ruban de couleur pourpre. Elle avait beaucoup aimé cette photographie, raison pour laquelle elle l'avait acheté (car oui elle ne faisait pas elle même les photographies, elle n'en avait ni le temps ni l'argent). Ayame espérait pouvoir finir cette commande avant le lendemain, et elle y arriverait, coûte que coûte. De plus, si elle prenait du retard (comme il y a deux mois) elle risquait de passer des nuits blanches dessus et de dormir deux heures tout au plus. C'était dur, de mener une double vite, encore pire quand vous ne dites absolument rien à vos amis et qu'ils pensent que vous mener une toute autre vie, une vie pépère. Parfois, ça lui manquait ce genre de vie. Or, comment une vie pareille pouvait lui manquer alors qu'elle n'a jamais eu l'occasion de vivre une vie morne ? Merci grand-père, pour m'avoir confier cette lourde tâche, merci mère de m'avoir lâché pour vivre une vie tranquille .

La brune s'engouffra dans ses couvertures. Elle se souvenait aussi du mail qu'elle avait lu il y a un mois, une invitation à l'une de ces nombreuses conventions sur les tendances du moment. Le marché était difficile à pénétrer, mais elle s'était toujours suffis à elle-même pour trouver les moyens d'attirer la clientèle. Bien qu'elle ne venait pas en vague, elle gardait toujours sa clientèle actuelle, et elle n'avait pas besoin de la fidéliser puisque ses cartes de voeux faites mains plaisaient. Elles avaient cette touche créative et collaient généralement bien à chaque évènement, elle proposait même pas mal de choix... Pourtant, même si elle n'avait jamais éprouvé l'envie d'aller à l'une de ces conventions (parce que franchement, c'était ennuyeux et elle manquait de tomber sur des gens qu'elle connaissait), cette fois, c'était un peu différent. Cela ne durait que deux heures, cela prendrait deux heures de sa journée. La japonaise se précipitait donc en dehors de son lit, se préparait rapidement mais pas n'importe comment non plus pour avoir l'air présentable. Il vaut mieux passer tous les détails, ce genre de description n’a aucun intérêt dans le texte en lui-même, et entre nous, vous vous en foutez.

Dehors, ça grouillait comme d’habitude. Elle était certes à l’écart de la population nipponne, dans un endroit miteux, à l’abri des regards, mais dehors, c’était le fouillis. Les gens se hâtaient de rejoindre leur travail ou leur école, prenant de la place sur le trottoir et empêchant la chasseuse de prendre le bon chemin. Bien heureusement, même si ces nombreuses éléments étaient contre elle, elle prit le chemin du métro sans encombre et se retrouvait à la convention, elle aussi blindée de monde.

«C’est peut être pas si nul que ça finalement…» Cela ne voulait rien dire, certains venaient juste pour trouver des partenariats. Elle n’en avait pas spécialement besoin (en faites si mais elle était clairement associable… enfin. Pas tant que ça.). Le banquet avait l’air délicieux, et les produits qui décoraient l’assiette lui donnaient sérieusement envi. Mais, les gens moins. La brune se dirigeait finalement vers les toilettes, parce que le métro qu'elle avait pris n'était pas spécialement équipé... Le problème c'est qu'en entrant dans la pièce, sa porte buta légèrement sur un individu. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'elle passait et s'agenouillait près du mec qui n'avait franchement pas l'air bien. Il n'était pas mort, son pouls battait normalement, mais il était juste étaler par terre dans les toilettes des filles. «Mons...» Elle s'arrêtait nette, alors qu'elle percevait du sang près de sa manche... Pas de sang sur sa bouche rien, qu'est-ce qu'il avait pu lui arriver ? Il n'avait aucune plaisir externe... «Réveillez-vous.» Ayame n'était décidément pas doué pour ce genre de truc, mais il avait l'air simplement évanouie pour une raison qu'elle ignorait. Elle jugeait qu'il était inutile d'appeler une ambulance... Et elle ne faisait pas toujours preuve de délicatesse, pour une fille. Car, elle se mit à le secouer lorsqu'elle lui attrapa les épaules. S'il avait un traumatisme crânien, elle l'aurait sans doute tué...

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La prairie était de nouveau en fleur et cette vision mélancolique, typique de mon enfance, avait un incroyable don d'apaisement pour moi. Il n'y avait rien en dehors de l'oisiveté d'un après midi au soleil. Peut-on ainsi courber le temps sans en payer le prix fort? J'en doute aujourd'hui, bien qu'il m'ai été donné de penser que se bonheur pourrait être à nouveau à portée de main...Je touchais du bout des mes doigt le gazon parsemé de fleurs aux couleurs vives. Un son, clair, me parvint alors au oreille : "réveillez vous". Comme un écho, cette phrase se propagea dans l'air et se fit au fur et à mesure de plus en plus pressante. Je me recroquevillais, avide d'une quiétude ainsi souillée. Soudain une douleur m'envahi. C'était un peut comme si ma boite crânienne était devenue un shaker géant et qu'un petit vicelard avait appuyé sur le bouton ON. Je criais alors :

"stop! stop!"

Mais personne ne m'entendait...Brusquement, je rouvris les yeux sur une morne réalité, celle que vous essayez de fuir mais qui vous suit malheureusement comme votre ombre. Je remarquais alors qu'une personne m'empoignait fermement en me faisant face. Tout à coup, tout me revint, le magasin, le sang, les maux de tête et...la corbeille à serviettes hygiénique. Je me redressais doucement et tentais d’appréhender mon retour sur terre, après m'être complètement laissé allé à des songes heureux. Malheureusement, mes lunettes étaient tombées sous le choc de la chute et je ne pouvais distinguer que le visage de la jeune femme en face de moi, n'y voyant absolument rien à plus de un mètre...Deux grand yeux couleurs noisettes me fixaient. Je remarquais alors que la jeune fille ne semblait pas inquiète le moins du monde quant à mon état. Elle se contentait de m'observer. C'était visiblement elle qui m'avais réveillé et je lui en aurait presque voulu si je n'avait pas été dans les toilettes des femmes d'une convention à deux ronds...Je pensais alors qu'il était rare de voir une petite nippone ne pas appelé au secours lorsqu'elle était témoin d'un malaise. Néanmoins, j'étais assez content que l'on ne soit que deux en ce moment même, cela m’éviteras de devoir me confondre en explications inutiles. J'avais maintenant bien repris mes esprits et je décidais de ne pas traîner dans un lieu quelque peu inadéquat pour un homme.

"Peut être que si vous me lâchiez, je pourrai me relever? A moins que vous n'ayez la ferme résolution de me maintenir au sol?"

Toujours une pointe d'ironie, comme une marque de fabrique chez moi. Mon légère accent anglais était bien heureusement compensé par une parfaite maîtrise de la langue. J’espérais tout de même que mon humour, parfois déplacé n'ai pas vexé la jeune femme. J'avais d’ailleurs d'autre préoccupation, à commencer par cet étrange épisode à la libraire et mon état de santé qui, même si j'allais visiblement mieux, demeurait pour le moins inquiétant. Je touchais l'arrière de a tête qui avait heurté le sol et constatais que je saignais encore. Décidément, cette journée sera à placer sous l’égide de la couleur pourpre...Et dire que je devais tenir une conférence dans à peine un quart d'heure...Je n'en avis ni l'envie ni la force et mon état de fatigue m'indiquait clairement de rentrer tranquillement chez moi. Malheureusement, cette option n'était pas envisageable... Je me tournais de nouveau vers le jeune fille :

"Tant que vous y êtes, vous pourriez m'aider à retrouver mes lunettes? Elle ont du se nicher quelque part en dessous des lavabos..."

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La situation ne l'amusait pas encore. Pourquoi cette situation pouvait-elle l'amuser ? Déjà parce que le lieu de rencontre était disons... inconvenant. Que le mec évanouit était européen ou américain et qu'il s'était juste planté de toilettes. Oh, ses origines n'avaient peut être rien à voir avec la mauvaise porte qu'il avait poussé, peut être que son état avait suffis à ce que sa vue se brouille... Mais la situation était assez... déconcertante ? Ayame n'hésitait pas à le secouer, pas de la manière la plus douce qui soit, mais... au moins, elle perçut des mouvements. Elle remarquait seulement maintenant un peu de sang, signe que le carrelage avait gagné la première manche. Une grimace étirait ses lèvres alors qu'elle percevait les propos de l'homme pas de la façon la plus agréable. Il cherchait peut être à plaisanter, malgré le spectacle qu'il lui offrait, mais sur le coup, elle n'apprécia pas. L'un de ses sourcils communiquait assez bien son ressentis, mais elle tentait de ravaler cette petite colère qui pointait le bout de son nez. Finalement, l'eau dans la figure, ça aurait été peut être plus efficace. Le réveille n'en aurait été pas moins brutal...

«Vous avez raison, j'aurais peut être dû vous laisser par terre, dans les vapes, profitant de la fraîcheur du carrelage des toilettes des femmes.» Tout cela dit avec un sourire et de la délicatesse. Certes, cela ne suivait pas ses mouvements d'il y a quelques minutes, elle n'était décidément pas douée dans ces domaines. Ayame n'était pas naturellement douce, malgré ses sourires. Son comportement était en total contradiction avec le modèle standard japonais. C'était dommage.
Ayame percevait un léger accent anglais. Enfin, peut être était-il américain. Elle ne savait pas du tout différencier ces deux pays, aussi différents soient les accents. Elle et les langues ça faisait deux... Son regard bifurqua en direction des lavabos, elle n'hésita pas à se baisser pour récupérer les lunettes. Salissant ses mains, et se cognant légèrement la tête en se redressant. Certes, elle était plus douée que cela d'habitude, mais là... elle était réellement pressée. Elle tendait rapidement les lunettes à l'homme encore à terre, et refermait la porte d'une cabine derrière elle.

Décidément, elle ne tiendrait pas la conversation plus de deux minutes avec cette envie de pisser. Et que cela ne lui plaise ou non, il allait écouter la fontaine. Charmante image, odieuse image. Il n'avait qu'à pas se retrouver dans cet endroit, il avait qu'à tomber sur la bonne porte et dans les bons toilettes. Au bout de quelques minutes, elle sortit de nouveau en flèche, se lavant soigneusement les mains tout en jetant un léger coup d'oeil en direction de l'individu toujours saignant. Elle préférait les à point quand même...

«Avez-vous des problèmes de santé ? Histoire que je ne me retrouve pas avec un macchabée sur les bras. Et puis... votre tête saigne, il vaudrait mieux aller... à l'hôpital ?» C'était une question. Même si elle ferait mieux de le tirer à l'extérieur. Sait-on jamais. Il avait peut être une fracture du crâne. La brune n'aimait vraiment pas ce genre de situation, ça la m'était mal à l'aise. Elle avait beau sauver la vie des gens la nuit, elle n'avait jamais eu besoin de faire face à ce genre de situation. Enfin... C'était rare qu'elle se retrouve avec un humain blessé sous le bras, disons qu'elle intervenait généralement avant. «Vous avez encore des nausées ?» Il était blanc comme un linge... les prémices du repas de midi dehors ? Bonne question. «Je pense que le mieux serait... vraiment d'aller à l'hôpital.» Pourquoi était-elle sure qu'il refuserait ? Il avait l'air juste... sacrément borné. Elle tendit son bras pour l'aider à se relever.

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