Le 14 Novembre 2011, 14h45.

♠ De toutes ses forces, Nahoko tirait sur la manche déchirée, délavée et puant la bière de son ami, comme pour le forcer à revenir vers elle. Elle avait l’air bête, à tirer comme ça pour rien, du haut de son mètre 48, décollant presque lorsque l’homme agita le bras pour la faire lâcher en grognant comme un animal. Mais qu’importe l’air qu’elle avait, elle ne voulait rien lâcher, s’accrochant à cette manche comme si sa vie en dépendait. Question de vie ou de mort, ouais, disons le comme ça. Et pourtant, un grand sourire, de temps à autre éclipsé par les marques de ses efforts, éclairait son visage. Mais quelle tête de mule.. L’homme qui faisait ainsi perdre son temps à Nahoko avait interpellé une jeune femme, qui passait vraisemblablement ici par le plus pur de tous les hasards, peut être même sans but particulier. Juste comme ça, pour se promener et profiter du temps clément de cette belle journée.. Il lui était tombé dessus, comme la misère sur le monde, avec son haleine parfumée au saké et au tabac et ses dents presque pourries desquelles on s’attendait presque à voir sortir des vers. La Japonaise était habituée à l’odeur, et à la vision pathétique qu’offrait cet homme de la quarantaine. Elle vivait avec lui, dans même pas 10m² depuis quelques temps maintenant. Et elle l’aimait bien, ouais. Quand il était sobre, surtout. Quand ses propos n’étaient pas emmêlés par l’alcool qu’il consommait au petit déjeuner. Douloureuse réalité, il paraît que ça tient chaud l’hiver et que ça rafraîchit, l’été. Elle, elle buvait peu. Elle n’aimait pas être ivre, avoir la tête qui tourne et toutes ces choses là. Et puis, son foi n’aimait pas boire. Elle finissait toujours par vomir ses tripes, puis par aller se coucher avant tout le monde. L’alcool, ça la rendait fiévreuse. Elle n’avait pas le bon gabarit pour boire.. Mais là n’était pas la question, parce que la femme, la belle inconnue que Nahoko aurait bien mise dans son lit semblait effrayée, elle. Elle répondait à l’homme, par politesse sûrement, mais sa posture indiquait clairement qu’elle aurait préféré être partout, sauf ici à cet instant. Et les regards, les appels à l’aide silencieux qu’elle lançait en direction de la Japonaise ne trompaient pas. Nahoko lâcha la manche de son ami, pour fouiller dans son petit sac à la recherche de monnaie, qu’elle enfourna dans la main de son camarade.

« Tu laisses la dame tranquille, okay ? T’as assez pour prendre le métro, t’acheter une bouteille et rentrer. Et t’es mignon, tu me prends un sandwich au passage, j’ai la dalle. Je ne vais pas tarder. »

♠ Avait-elle dit, tout en plantant son regard dans celui du pauvre bourré qui grogna à nouveau. Il n’aimait pas être interrompu, mais c’était Nahoko. Et il ne tenait pas tête à ce bout de femme, surtout lorsqu’il y avait des signes avant-coureur d’agacement. Au final, elle avait sûrement un rôle non avoué de « maman » malgré le fait qu’elle soit la plus jeune de la bande. Elle était sûrement la plus terre-à-terre. Celle qui arrivait le mieux à s’intégrer à la société qui mettait les gens comme eux de côté. Alors, il l’écoutait, patiemment, même s’il avait parfois envie de lui coller une bonne grosse gifle pour la remettre à sa place. La demoiselle le regarda faire une courbette et poser un baiser sur la main de l’importunée, tout en souriant en coin. Ouais, pour elle, ça n’avait rien de provoquant. Ça n’avait rien de dérangeant. Il faisait ça avec tout le monde, c’était pour lui un signe de respect. Rien de plus. Fallait pas croire qu’il voulait agresser qui que ce soit, Nahoko le savait bien. Il avait juste besoin d’autres compagnies que celle de ses potes de galère. Il avait juste besoin d’être accepté. Mais ce n’était pas avec la coincée, là, qui était limite sur le point de chialer qu’il allait pouvoir faire connaissance. C’était mieux qu’il s’en aille. Simplement. Nahoko le regarda s’éloigner, avec une tendresse qu’elle ne savait pas cacher. C’était ainsi, ses amis étaient toute sa vie, puisqu’elle n’avait pas de famille. Il faut bien compenser. Elle s’inclina à son tour face à l’inconnue, respectueuse, sans chercher le moindre contact physique. Faut pas forcer les choses.

« Pardonnez le comportement de mon ami. Il n’est pas méchant, mais je peux comprendre que des gens comme vous puissent être effrayés. Je vous souhaite une bonne journée, Madame. »

♠ Elle s’éloigna, sans attendre la moindre réponse. Elle avait l’habitude de ce genre d’incidents. Quand on vit avec des soulards, il faut s’y attendre.. Et si ça avait pu la déstabiliser au début, aujourd’hui elle s’en amusait grandement. Au moins, ils vivaient sans se prendre la tête, sans avoir peur du jugement idiot et infondé des autres. Carpe Diem. Elle avait apprit cette phrase dans la rue. Avancer, ne pas se prendre la tête. Ne pas ressasser le passé, ne pas se projeter dans l’avenir. Qui sait de quoi demain sera fait ? Elle préférait être amusée par le comportement de ses amis. Elle les aimait pour ce qu’ils étaient et c’était le principal. Et ils le lui rendaient bien. Pas de quoi en faire un drame, ni toute une histoire. Ça n’avait aucune importance, l’incident était passé, l’inconnue retournerait à sa vie chiante d’employée - et très certainement d’épouse – modèle. Elle racontera ce qui s’est passé, en y mettant tout son cœur pour faire ressentir à son auditoire à quel point ça a pu une expérience traumatisante et dans une semaine, elle aura oublié l’existence même de cet homme irrespectueux et de cette drôle de petite bonne femme, l'accompagnant. Nahoko soupira.

♠ D’une démarche sautillante, la Japonaise longea les rives de la baie de Tôkyô. Elle aimait cet endroit, surtout lorsqu’elle était seule. Il était plein de charmes, plein de calme. Elle pouvait y passer des heures, rien qu’à faire les cents pas sur la rive. Les choses simples étaient souvent les plus belles, paraissait-il. Alors elle profitait de petites choses simples. Sur ce point, elle n’était pas très compliquée. Elle ne demandait que ça, être tranquille et vivre sa vie.. Simplement, loin des jugements, loin du regard accusateur des autres. Là, au bord de sa petite rive, elle était juste une jeune femme de 21 ans, prenant du bon temps et plus l’ex-junkie SDF qui retournerait dans sa camionnette pour aller manger un sandwich premier prix en riant aux blagues plus dégueulasses que salaces de ses amis. C’est vrai, quand on la regardait, avec sa petite jupe violette et son corset noir en vynil, on ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’elle n’avait pas de situation, pas de logement. Petit regard à droite, puis à gauche. Arrêt sur image. Et merde. Cette fille, là, elle l’aurait reconnue entre mille. Et autant dire qu’elle ne l’appréciait pas tellement. Et voilà, elle venait de lui péter son bonheur, son simple petit bonheur personnel. Sa réaction allait sûrement être totalement exagérée, mais la colère qui monta en elle avait besoin de sortir. Elle avait besoin de faire ses nerfs sur quelqu’un. A grands pas – aussi grands que ses petites jambes le permettaient – elle alla en direction de cette Lena.. et se planta devant elle, les bras croisés sur la poitrine, la fixant droit dans les yeux. Ce fut d’une voix sèche, accusatrice, que la nippone prit la parole, sans mâcher ses mots.

« C’est moi ou tu fais tout pour me pourrir la vie ? Sérieux, t’aurais pas pu trouver un autre endroit que les rives pour venir.. venir faire ce que tu fais ?! »

• • Non, Nahoko, les rives ne t’appartiennent pas.. Tss.

Ses doigts fins parcouraient agilement les touches, leur légèreté donnant une impression de facilité, d'aisance naturelle. Cela lui semblait presque inné, comme ayant toujours fait partie d'elle. Cette maitrise pourtant, et évidement, n'était que le résultat d'une pratique rigoureuse, acharnée même. Mais ce qui était assez effarant, c'était cette illusion de liberté qu'elle dégageait, bien que tout était parfaitement contrôlé, réglé au moindre petit détail. Et puis il y avait cette puissance, cette profondeur qui se dégageait de chaque note .. Pourtant, son visage lui, restait impassible. Cela marquait un contraste assez troublant avec l'intensité de ses notes. Ses traits restaient donc insondables, du moins .. Presque complètement. Ses yeux se fermaient parfois, mais ce n'était sans doute que pour mieux contenir ses sentiments qui menaçaient d'apparaitre à la surface. En fermant les yeux, le monde autour disparaissait complètement, et il n'y avait plus qu'elle et son piano. Ou du moins, l'un des magnifiques piano de l'Université des Arts. Il y a avait là tant de maitrise, de précision, de contrôle .. Que ce soit dans son jeu ou dans son attitude. Et pourtant, la profondeur, l'émotion étaient là. Oui, cela avait de quoi intriguer et créer le mystère. En même temps, c'était cela qui faisait certainement son talent. Car il ne suffit pas de maitriser la technique pour être un artiste. Il doit y avoir quelque chose d'autre derrière. Certain appelleront cela l'âme, la sensibilité, qu'importe le nom. Ce quelque chose, nul doute que la jeune scandinave le possédait. Non, elle n'était pas seulement cette créature froide et altière, il y avait autre chose derrière le masque. Mais seul la musique permettait de l'entrevoir.. ou presque.

Il y eut un bref silence quand la dernière note résonna, puis le professeur reprit la parole. Lena mit quelques instants à revenir les pieds sur terre, mais cela ne fut pas vraiment perceptible. Et puis, une dizaine de minutes plus tard, le cours fut terminé. Elle eut quelques rapides bavardages avec d'autres élèves, histoire d'entretenir le peu de relations qui lui semblaient nécessaires – relations dont l'intérêt était strictement musical, cela va sans dire. Quand il s'agissait de musique, Lena savait se montrer bien plus bavarde qu'à l'accoutumée. Parfois même, elle pouvait sembler presque amicale. Presque. Et cela changeait tout. Elle n'irait donc pas manger avec ces deux musiciennes tout aussi talentueuses que souriantes. Déclinant poliment leur offre, Lena quitta donc l'établissement, et se contenta de s'acheter de quoi se remplir un minimum l'estomac pour ce midi dans un petit kiosque à la sortie de l'université. Sans avoir un quelconque dégoût pour la nourriture, elle n'avait simplement jamais un très grand appétit. Assise sur un banc, elle avala tranquillement son modeste repas. Elle avait tout le temps qu'elle voulait, sa journée d'étudiante étant déjà terminée pour aujourd'hui. Peut être aurait-elle du aller manger avec ses consœurs musiciennes après tout ? Elle soupira à cette pensée, et la balaya rapidement de son esprit. En dehors de la musique, elle était certaine qu'elles n'avaient rien de bien intéressant à se raconter. Et même si elle se trompait, de toute manière au fond elle n'en avait pas grand chose à faire. Pourquoi donc une telle question avait-elle traversé son esprit ? Un relent de grégarisme oublié, qui sait ? Et encore, cette notion d'instinct grégaire par rapport à la sociabilité étant loin d'être simple. Enfin, bien qu'il y avait sans doute de quoi réfléchir longuement à ce sujet, à cet instant la jeune femme n'avait absolument pas envie de sa casser la tête sur des questions de sociologie. D'ailleurs, franchement, elle s'interrogeait rarement sur ce genre de sujets.

Enfin, la voilà donc seule comme à son habitude, et c'était donc clairement un choix, qu'elle s'était cependant surprise à remettre en question... bien que cela n'ait duré que d'infimes instants. Réfléchissant à ce qu'elle allait faire de son après midi, elle sentit le soleil doucement réchauffer sa silhouette. Le léger vent un peu frais de la matinée était en train de tomber, et le soleil se faisait un peu plus chaud. D'ailleurs, pour cette jeune nordique, la température était presque estivale. Elle se décida donc à profiter de cet agréable temps, elle avait toute l'après midi pour flâner après tout. Elle passait tant d'heures à s'exercer et à composer, il fallait bien qu'elle s'aère l'esprit de temps en temps. Lena était une acharnée du travail, mais parfois il était préférable pour l'inspiration de laisser son esprit se reposer un peu. Et honnêtement, pour une fois, la jeune femme ne se sentait pas trop le courage de passer son après midi à se perfectionner, encore et encore. Une certaine fatigue s'abattait sur elle ces jours-ci, et elle commençait à la ressentir un peu plus sérieusement. Ses nuits n'étaient en effet pas bien longues depuis quelques temps. Il n'y avait pas de raisons particulières, ou du moins récente, à cela. Le mal du pays qui commençait à se faire sentir ? Non, assurément. Pourtant, elle avait bien une certaine forme d'angoisse qui revenait lui nouer le cœur parfois, et rendait son sommeil difficile, voir impossible. Quelle était cette angoisse refoulée ? Si seulement elle pouvait y mettre des mots .. Revenir au Japon, son pays natal, ne serait pas sans quelques turbulences internes, elle l'avait toujours su. Seulement, non pas qu'elle regrettait son choix, mais elle se questionnait par moment sur les raisons qui l'avaient poussé à revenir sur sa terre natale. Et ces raisons étaient plus floues que ce que l'on pouvait imaginer. Un retour aux sources ? Peut être, mais vu la nature de ces « sources », Lena avait de quoi avoir des nuits difficiles …

La jeune femme avait donc envie de s'alléger l'esprit pour cette après midi. Elle réfléchit un moment à un endroit paisible où elle pourrait aller se détendre, avant de se décider pour une petite marche sur la Baie de Tokyo. Durant son enfance, elle était finalement peu venue dans la grande ville nippone, sa mère préférant la préserver de toute son agitation. Cependant, elle avait quelques vieux souvenirs des rives, où elle s'était promené quelques fois avec sa mère. Dans son souvenir, l'endroit était magnifique. Certes, la mémoire a souvent tendance à enjoliver les souvenirs .. Mais tout de même, elle était certaine de ne pas en avoir gardé un tel souvenir sans raisons. Sa mère l'avait peu emmené sur Tokyo, alors si elle avait à l'époque choisit cet endroit ce n'était certainement pas par hasard. Une fois son repars terminé donc, elle ne réfléchit pas davantage, et alla prendre le métro direction la Baie. Elle finit son trajet en bus, et ce fut donc en début d'après midi qu'elle se retrouva dans ce lieu à la fois familier et inconnu.

La norvégienne marchait d'un pas lent le long des rives, comme toujours perchée sur de hauts talons, son habituel sac en cuir camel à l'épaule. Elle ignorait combien de temps elle allait flâner en ce lieux, qui sait peut être toute l'après midi. C'était tellement agréable de sentir le soleil venir doucement caresser son visage par ce mois de Novembre, dans un lieu si calme et peu fréquenté. Lena était une personne qui avait besoin de quiétude, et parfois cette grande ville l'étouffait. Quand toute cette effervescence commençait à lui tourner la tête, elle aimait particulièrement retrouver le calme des quelques havres de paix que cette ville possédait. Aujourd'hui, elle en découvrait donc un nouveau. Jusqu'ici, elle avait surtout trainé dans Taitô, vu que son Université ainsi que son logement s'y trouvaient, c'était assez pratique. Enfin, elle avait eu envie de changer un peu d'environnement. Et puis.. elle n'avait que quelques réminiscences à propos de ce lieu, mais cela rendait tout de même sa promenade assez nostalgique. C'était plutôt étrange d'ailleurs, un peu comme si ses souvenirs n'étaient que de vieux rêves, rangés quelque part au fond de sa mémoire, mais pas complètement oubliés non plus..

Alors qu'elle était complètement absorbée dans ses pensées et plus ou moins perdue dans les méandres de sa mémoire, Lena aperçu un peu plus loin une silhouette qui ne lui était pas inconnue. Elle eut un moment d'arrêt, avant de reprendre simplement sa marche comme si elle ne l'avait pas vue. Sérieusement, que venait faire cette gamine dans ce décor si paisible ? Oui, elles avaient le même âge, mais ça ne changeait rien pour Lena. Franchement, elle se serait bien passée de sa présence, surtout là, maintenant, ici. Enfin, elles ne faisaient que se croiser, il n'y avait pas de quoi en faire un drame. Oui, sauf que la gamine justement, avait l'air de voir les choses autrement. La scandinave crut halluciner quand cette petite excentrique vint en sa direction, d'un air résolument irrité. Sous le regard déjà exténué de la grande blonde -question de comparaison, et c'était surtout grâce à ses talons- , la nippone vint se planter juste devant elle, les bras croisés. Sérieusement, c'était une blague ? Rassurez là .. C'était une blague ?

« C’est moi ou tu fais tout pour me pourrir la vie ? Sérieux, t’aurais pas pu trouver un autre endroit que les rives pour venir.. venir faire ce que tu fais ?! »

Une blague, assurément. Lena ne put retenir un léger rire, tant cette fille lui parut ridicule. Elle eut petit rictus méprisant et laissa échapper un soupire non dissimulé.

« Nahoko.. dis moi, que t'ai-je fais, au juste ? » commença t-elle à lui rétorquer, d'une voix à la fois placide et glaciale.  « Et.. bien que chez toi, ce soit à la fois un peu partout et ... nulle part, tu n'as absolument aucun droit sur ce lieu. Maintenant écarte toi, tu m'as déjà assez importuné comme cela. »

Qu'elle soit SDF et ex junkie ? Grand bien lui fasse, Lena n'en avait strictement rien à faire. Qu'elle vienne lui chercher des ennuis, par contre, c'était un autre problème. Oh sa remarque était un peu condescendante sans doute .. Ce n'était pourtant pas encore bien piquant. L'étudiante n'avait absolument pas envie de se prendre la tête avec cette petite imbécile. Mais si elle insistait, nulle doute que Lena allait devenir bien plus cassante et acerbe.

«  Venir chercher mon attention de cette manière, c'est vraiment pathétique .. » glissa t-elle froidement.

Honnêtement, si ce n'était pas à cause de l'indifférence de la scandinave à son égard, pourquoi venait-elle l'ennuyer sinon ? Lena ne voyait pas. Et puis .. Franchement, elle s'en fichait. Que cette stupide paumée ne puisse pas l'encadrer, c'était son problème, pas le sien. Stupide oui, car il fallait bien l'être pour venir ainsi lui faire perdre son temps sans raisons. Insignifiante, Nahoko était insignifiante aux yeux de Lena. En tout cas, elle semblait l'être. Elle devait l'être.

♣ Non, décidément. Elle ne pouvait sérieusement pas supporter cette fille et ses airs un peu trop supérieurs. Se croyait-elle mieux que tout le monde ? Pauvre petite bichette, vivant dans le luxe et n’ayant pas à se préoccuper de sa propre survie. Il était peut-être vrai que Nahoko ne connaissait pas spécialement la vie de Lena. Mais elle ne voulait pas la connaître, la juger lui suffisait amplement puisque, visiblement, la presque inconnue en faisait de même. Instinctivement, ses poings se serrèrent lorsque qu’un rire s’échappa d’entre les lèvres de la caucasienne. Mais pour qui, grand Dieu, se prenait-elle au juste ?! Méprisante et méprisable, n’est-ce pas.. Et encore, la Japonaise n’était pas au bout de ses peines. Certes, c’était elle qui était venue chercher les ennuis. Il fallait se rendre à l’évidence. Elle aurait tout aussi bien pu continuer à se promener tranquillement, en esquivant la blonde. Mais non, ça avait été plus fort qu’elle. Des pulsions, comme ça, qu’on ne contrôle pas forcément. L’envie de venir faire chier son monde. Simplement. Mettre un peu d’action dans sa vie, peut-être ? Elle n’en savait rien. Mais elle n’avait pas cherché mille ans avant d’avancer vers Lena, avant de se planter devant elle et avant de dire des paroles ridicules. Mais cela ne l’empêcha pas de serrer encore davantage les poings lorsque son interlocutrice prit la parole, sur un ton qui froissa notre petite chose.

« Nahoko.. dis moi, que t'ai-je fais, au juste ? Et.. bien que chez toi, ce soit à la fois un peu partout et ... nulle part, tu n'as absolument aucun droit sur ce lieu. Maintenant écarte toi, tu m'as déjà assez importuné comme cela. »

♣ Jouer sur ce point ? Il fallait vraiment être d’une mesquinerie sans nom pour le faire ! Ce n’était un secret pour personne.. Miura Nahoko était SDF et elle ne s’en cachait pas.. Mais il y avait un monde entre assumer sa condition et accepter que quelqu’un s’en serve pour la blesser. Et c’était très exactement ce qu’était en train de faire la caucasienne. Oui, elle n’avait aucun droit sur ce lieu. Oui, elle vivait à la rue. Mais, non, clairement non, elle n’avait pas à se laisser faire par cette fille qui avait tout pour elle. Frapper un animal déjà à terre ne se fait pas.. Ravaler sa fierté, elle n’allait pas sortir de ses gongs pour si peu. Après tout, elle devait en essuyer des remarques mal placées sur sa condition. Elle devait supporter d’entendre des gens la juger, parfois même jouer avec ses nerfs à cause du fait qu’elle soit à la rue. Il fallait simplement qu’elle garde son calme, n’ouvrant alors pas la bouche pour éviter de se laisser emporter par sa colère montante. Elle avait connu pire situation. Et, elle l’admettait, elle avait légèrement cherché la confrontation.

« Venir chercher mon attention de cette manière, c'est vraiment pathétique .. »

♣ Continua Lena, froidement. Les grands yeux de Nahoko se posèrent, choqués sur le visage neutre de la scandinave. Non ! Non, ce n’était pas ça ! Elle n’avait pas besoin de venir chercher l’attention de qui que ce soit ! Et surtout pas d’elle. Surtout pas.. Mais alors, qu’est-ce qui aurait pu la pousser à venir faire chier son petit monde ? Elle soupira doucement, desserrant les poings, puis décroisant les bras qu’elle laissa ballant de chaque côté de son petit corps. Lena – 1, Nahoko – 0. Hé merde. Touché, coulé. Bim. Ce n’était pas très gentil de refoutre la réalité dans la tronche de la Japonaise.

« Je ne cherche pas ton attention. » Mensonge. Que cherchait-elle, alors ? C’était idiot de répondre cela et elle le savait. « Mais je ne supporte pas de te voir dans le même lieu que moi, ta présence me donne envie de gerber. »

♣ L’aversion. Lorsqu’on ne supporte pas quelqu’un, on fait tout pour le lui faire voir. Ce qu’il y a d’ironique, c’est que notre pire ennemi est souvent la personne vers laquelle on fini toujours par revenir. Comme s’il n’y avait rien de plus naturel que de vouloir être proche d’une personne ne nous inspirant aucune sympathie. Mais c’était plus que ça. Lena était quelqu’un d'intrigant. Nouveau soupire. Pourquoi se prendre la tête avec une personne qui ne le mérite pas ? A l’inverse de ce que lui avait demandé Lena, Nahoko resta devant elle, ne bougeant pas d’un millimètre. Esprit de contradiction, esprit rebelle qu’elle trainait depuis l’adolescence. Depuis les périodes en foyer. Depuis l’entretien avec les parents de Sakura. Elle ne voulait pas se laisser faire. D’une part, parce que la demoiselle qui se tenait devant elle, la regardant de haut, n’avait aucun droit sur elle. D’une autre parce qu’au fond, ça lui plaisait d’emmerder ne serait qu’un minimum la scandinave.

« T’en as pas marre d’être toujours hautaine, de croire que tu vaux mieux que tout le monde parce que t’as la chance de pouvoir avoir une vie convenable et de faire des études ? T’en as pas marre de faire comme si tu étais la nana la plus forte et la plus indépendante du monde, alors que ça se sent à des kilomètres que tu traînes un truc qui t’empêche d’être heureuse ? Sérieusement, Lena. Si t’étais pas aussi conne, je suis certaine qu’on pourrait s’entendre. »

♣ C’était un peu sorti tout seul. Mais c’était sorti, presque sans la moindre animosité. Non, en fait, c’était sorti naturellement, d’un ton neutre. Pas d’agressivité, pas de compassion, pas de faux semblants. Juste des choses que Nahoko avait toujours voulu lui dire. Pourtant, c’était con. Elles en avaient, des points en commun. La musique, par exemple. Elles aimaient ça toutes les deux et il était presque certain qu’elles auraient pu en parler ensemble pendant des heures et des heures. Mais non. Non, il fallait forcément que Lena fasse tout pour se faire détester. Était-ce si difficile pour elle de s’ouvrir aux autres ? Au fond, qui était la plus à plaindre ? La haine que ressentait Nahoko pour la caucasienne sembla légèrement se dissiper à cette pensée. Légèrement. Il ne fallait pas abuser non plus. Lena n’était pas une pauvre petite brebis égarée avec laquelle il fallait se montrer douce et compatissante. Non, elle était plus le loup dans la bergerie. Celle qu’on fuit, celle qu’on laisse sur le côté.

« Je n’ai aucune envie d’être ton ennemie. Je te rassure, je n’ai pas plus envie d’être ton amie. Mais j’aimerais simplement comprendre pourquoi tu te renfermes sur toi-même, quitte à passer pour la pire des connasses alors que je suis certaine que tu es quelqu’un qui mérite d’être connu. »

♣ Lena – 1, Nahoko – 1. Egalité. Et pourtant, même dans l’adversité, la Japonaise ne pouvait décemment pas se montrer réellement méchante.

Spoiler:

La petite nippone supportait apparemment très mal l'attitude dédaigneuse de Lena, mais après tout à quoi d'autre s'attendait-elle de la part de la scandinave ? Son arrogance n'était jamais gratuite, ou alors justement très calculée. Nahoko ne récoltait que ce qu'elle était venu chercher après tout.. Certes il en fallait assez peu pour se mettre Lena à dos, et si elle n'avait pas une bonne impression de vous il était des plus difficile d'obtenir un peu de sympathie de sa part. La jeune femme pouvait se montrer très différente selon les personnes à qui elle avait à faire, c'était sans doute assez injuste mais elle était ainsi, tant pis si cela ne plaisait pas. Nahoko lui avait toujours apparu comme dénué de tout intérêt, ce qui de toute évidence ne plaisait à la nippone. C'était si difficile que ça à accepter pour elle ? Apparemment oui. La norvégienne se serait bien contenté de continuer à vivre sa vie tranquillement sans cette épine désagréable dans son pied. Cette gamine à la dérive lui importait peu, sa vie, ce qu'elle pouvait penser d'elle, tout cela ne l'intéressait guère. Mais Nahoko ne semblait pas vouloir la lâcher .. Alors quoi, elle aimait tant que cela se confronter à la jeune blonde ? Lena trouvait ça complètement pathétique.

« Je ne cherche pas ton attention. Mais je ne supporte pas de te voir dans le même lieu que moi, ta présence me donne envie de gerber. »

A nouveau, Lena ne put retenir un léger rire méprisant. Il lui manquait une case en moins ou quoi ? Mentir est une chose, la scandinave était la première à le faire pour sauver les apparences .. Mais le faire d'une manière aussi peu crédible, c'était ridicule. Et sa soit disante explication l'était tout autant. Lena avait franchement l'impression de se retrouver dans la cours de récréation.

« Parce que tu crois sincèrement que j'apprécie la tienne ? Si je t'insupportes à ce point, pourquoi donc restes-tu planté devant moi ? Tu ne sais pas ce que tu dis ou tu es juste complètement contradictoire ? Stupide aussi peut être ? »

Bien sur qu'elle n'allait pas lui faire de cadeau et elle se faisait un plaisir de lui renvoyer à la figure toute ses incohérences. C'était facile certes, mais il fallait bien remettre cette petite effrontée à sa place.. Et de toute évidence, vu la réaction de la nippone cela marchait très bien. Lena quant à elle, restait absolument placide, lui montrant ainsi le peu d'impact que ses propos incohérents pouvaient avoir sur elle. Bien sur que Nahoko la laissait de marbre. Au début, Lena s'était contenté de l'ignorer, ne la considérant simplement pas .. comme la majeure partie des personnes qu'elle pouvait croiser. Mais elle devait bien avouer qu'elle commençait à ressentir une profonde antipathie à son égard. C'était bien là tout ce que la japonaise pouvait, et devait lui inspirer.

« T’en as pas marre d’être toujours hautaine, de croire que tu vaux mieux que tout le monde parce que t’as la chance de pouvoir avoir une vie convenable et de faire des études ? T’en as pas marre de faire comme si tu étais la nana la plus forte et la plus indépendante du monde, alors que ça se sent à des kilomètres que tu traînes un truc qui t’empêche d’être heureuse ? Sérieusement, Lena. Si t’étais pas aussi conne, je suis certaine qu’on pourrait s’entendre. »

Pardon ? Avait-elle bien entendu ? Nahoko ferait bien mieux de se taire, et vite. A quoi jouait-elle donc ? Un éclair de rage avait vrillé dans les yeux de louve de la scandinave. Nahoko ne lui avait pourtant pas déballé tout cela sur un ton agressif, et pour le coup Lena devait bien avouer qu'elle avait été un peu prise de court, assez surprise de voir Nahoko vider ainsi son sac sans pour autant se montrer aussi puérile qu'un peu plus tôt. Mais cette manière de lui parler comme si elle connaissait tout d'elle.. C'était le meilleur moyen de mettre Lena hors d'elle.

La jeune femme se rapprocha alors un peu plus de la nippone, son regard froid et mauvais la jaugeant un instant. Elle s'était montré assez patiente jusqu'ici, mais Nahoko commençait à sérieusement jouer avec ses nerfs. Elle était venu dans ce lieu dans le but de trouver un peu de quiétude et de se replonger paisiblement dans de vieux souvenirs plus ou moins oubliés. Cette idiote était complètement en train de lui gâcher son après midi, elle comptait bien lui faire regretter.

« Nahoko .. Pour qui te prends-tu ? Tu ne sais ABSOLUMENT rien de moi. À quoi joues-tu dis moi ? Je n'y peux rien si tu as complètement raté ta vie, d'accord ? Si tu n'arrives pas à accepter cette vérité, c'est ton problème, venir m'assommer avec tes bêtises n'y changera rien. Ou alors tu aimes creuser ton propre trou.. Ça te plait de te faire rembarrer et de te retrouver toujours plus bas ? »

Son ton était mauvais, Lena avait la ferme attention de ne pas laisser cette gamine se donner la moindre assurance face à elle. Le ton était donné, la norvégienne comptait clairement lui faire ravaler cette confiance que la japonaise tenait dans ses propos et la remettre à sa place. Mesquine ? S'il fallait l'être pour que la nippone lui fiche la paix, soit, elle n'avait aucun regrets à cela.

« Si j'ai à présent une « vie convenable » et la possibilité d'étudier, c'est parce que j'ai travaillé et je me suis battu pour cela. Non Nahoko, ce n'est pas une question de chance. Ne cherche pas à passer pour la pauvre petite malheureuse qui n'a jamais eu de chance et sur qui le monde s'est toujours acharné. C'est trop facile, c'est trop lâche. »

Sa fierté parlait pour elle. Qu'on la prenne pour une gosse de riche qui avait toujours eu tout ce qu'elle voulait entre les mains, ça arrivait souvent, et ça avait le don de la faire bouillonner intérieurement. Si effectivement elle était d'une naissance plus qu'aisée, son nom ne lui avait ensuite rien apporté. Ses études, les bourses qu'elle avait pu obtenir, elle ne le devait qu'à son travail acharné et à son talent. À rien d'autre. Comme tout le monde, elle bossait pour gagner sa vie, tout simplement. Elle n'avait jamais eu aucun avantages particulier grâce à sa naissance, aucun filets de secours et elle n'avaient de compte à rendre à personne. Il y avait peut être une seule personne à qui elle devait beaucoup, et ce n'était pas financièrement.

Ce que Nahoko pouvait penser d'elle ? Qu'elle la trouve conne et hautaine ? Mais si elle savait à quel point Lena pouvait se moquer de ce que l'on pouvait penser d'elle ! Et de l'avis de Nahoko, en particulier ! Pour le reste .. Eh bien la japonaise n'était peut être pas aussi sotte que ce dont elle avait l'air. Si elle n'avait pas piqué la fierté de la scandinave, peut être que ses propos auraient pu avoir un peu plus d'impact. Car oui, elle avait touché juste, très juste finalement. Lena était loin d'être aussi forte que ce qu'elle voulait bien faire croire. Et oui , dans un certain sens, elle faisait comme si elle était "la nana la plus forte et la plus indépendante du monde" . Comme quoi, quand elle le voulait, cette gamine arrivait à voir un peu plus loin que le bout de son nez. Ce n'était pas si difficile à voir pourtant, pour peu que l'on ait un peu d'expérience et que l'on traine soit même un passé plus ou moins chaotique. Lena s'armait en permanence de faux semblants, ne se dévoilant jamais, maintenant toujours une certaine distance. On ne devait pas pouvoir l'atteindre ou voir ses faiblesses. Lena refusait catégoriquement de faire tomber ses barrières. Au fond, quelque part, son comportement était peut être un peu lâche. Mais elle s'en était aujourd'hui parfaitement accommodé -du moins c'est ce qu'elle se plaisait à croire-, et ne voyait aucune raison d'y changer quoi que ce soit.

« Je n’ai aucune envie d’être ton ennemie. Je te rassure, je n’ai pas plus envie d’être ton amie. Mais j’aimerais simplement comprendre pourquoi tu te renfermes sur toi-même, quitte à passer pour la pire des connasses alors que je suis certaine que tu es quelqu’un qui mérite d’être connu. »

Boum. Son cœur manque un battement, et un silence se fait à présent. Bon sang, quand est-ce qu'elle allait se décider à se taire celle-là ? La laisser tranquille, c'était si difficile ? Pourquoi donc s'acharner ainsi, alors que tout ce qu'elle allait obtenir n'était qu'un mépris et une méfiance un peu plus grande ? Méfiance oui, car à lui renvoyer ce genre de vérités à la figure, c'était bien là tout ce qu'elle allait récolter. Un instant, l'expression de la norvégienne sembla se troubler quelque peu.. Nahoko se contredisait tellement, Lena avait franchement du mal à la suivre. Ainsi finalement, la norvégienne l'intéressait ? N'était-ce pas elle qui venait de lui témoigner toute son aversion ? Soit, peut importe.

Lena se sentait menacée, c'était assez rare et d'autant plus perturbant. Cette petite idiote appuyait là sur un point sensible et la blonde ne s'était pas du tout attendu à cela. Mais il fallait réagir, vite, hors de question de montrer une quelconque marque de faiblesse et de doute face à cette fille insignifiante. Alors que le silence avait pesé quelques secondes, un fin sourire vint enfin se dessiner sur le visage jusqu'ici figé de la nordique. Un sourire sombre, qui lui donnait tout de suite bien plus d'assurance. Se redressant davantage, prenant un air résolu et franchement hautain, elle lui glissa enfin doucement :

« Peut être .. suis-je simplement aussi mauvaise que j'en ai l'air, Nahoko. Pourquoi voudrais-tu qu'il en soit autrement ..?»

Pourquoi d'ailleurs devrait-il en être autrement ? Seulement ... « être la pire des connasses », est ce que ça lui convenait réellement ? Après tout, Nahoko ne la connaissait pas, ou très peu. Ce n'était là que son point de vue .. Point de vue qui, de toute manière, n'avait et ne devait avoir aucune importance pour Lena. Pourtant, la japonaise venait réellement de mettre le doigt sur un problème des plus délicats. La scandinave était-elle réellement prête à devenir un être froid et sans cœur simplement .. par peur et.. pour se protéger ? Son amertume était-elle aussi profonde que cela ? Elle n'avait jamais été quelqu'un de très sociable, petite déjà elle se présentait comme une personne marginale et un peu recluse dans sa bulle. Bien sur, elle avait aussi toujours eu des bons côtés, des aspects plus contrastés, plus agréables sans doute. Nahoko n'avait simplement pas le privilège de les apercevoir. Et ces bon côtés semblaient faiblir petit à petit, ensevelis un peu plus chaque jour par une couche de glace que Lena entretenait avec soin. Alors oui, peut être que pour certains, elle n'était qu'une fille hautaine et sans cœur. Mais si c'était un mal nécessaire .. tant pis ? Seulement à force, elle risquait bien par s'effrayer de son propre reflet .. Mais ça, elle refusait encore de l'admettre.

« Je préfère être la pire des connasses plutôt que la reine des paumées. »

Ses mots pouvaient ressembler à un puéril « je vaux mieux que toi », pourtant ce n'était pas vraiment ça. D'une certaine manière, elle avait réellement eu à le faire, ce choix. En effet, si elle ne s'était pas endurcie il y a quelques années, elle aurait très bien pu se retrouver dans la même situation que la nippone aujourd'hui. Au fond, elle ne croyait pas fermement en ce qu'elle venait de lui dire .. Mais ça, c'était son problème, Nahoko n'avait pas à le savoir.

« Regarde toi .. Franchement, tu penses vraiment que tu es bien placée pour me donner des leçons de vie ? »

Méprisante, elle l'était assurément à cet instant. Ce que son interlocutrice ignorait cependant, c'est que c'était parfaitement calculé car au fond Lena ne souhaitait pas spécialement juger Nahoko. Seulement, s'il fallait qu'elle se montre aussi détestable que possible pour qu'elle lui fiche la paix et arrête de vouloir lui faire tomber le masque … Soit.