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 Damned customer !

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MessageSujet: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Sam 15 Sep - 16:06


Le 13 novembre 2011 à 20h57

    Embrayage. Quatrième. Frein. Embrayage maintenu. Troisième. Frein. Embrayage maintenu. Seconde… Le feu tricolore vient de passer au rouge et je me retrouve en tête de file. Un coup de manivelle pour ouvrir la fenêtre du côté conducteur et laisser entrer l’air dans l’habitacle, poser mon coude et battre des doigts sur le volant. Il est passé vingt heures, le ciel est chargé de nuages et je n’ai eu, pour seul repas de la journée, qu’un bol de nouilles tiédies. Je jette un regard vague dans le rétroviseur pour constater que le véhicule qui me précède est un autre taxi. Tokyo en compte des centaines par arrondissements et je ne peux malheureusement pas tous les reconnaître. Le chauffeur, en revanche, me dit bien quelque chose… Beurk, tu m’étonnes ! Encore un qui a pris l’habitude de se faire un nettoyage nasal une fois sa bécane arrêtée ! C’est presque une mode d’ailleurs, vu le nombre important de conducteurs qui suit cette tendance. Répugnant. Mais si nous étions des anges au comportement irréprochable, ça se saurait ! Moi par exemple, si j’avais des ailes et une auréole au sommet de mon crâne, il est clair que je ne serais pas ici…mais plutôt sur une île déserte, dans un paradis tropical avec une maison sur l’eau turquoise, entourée d’une végétation merveilleusement riche en fruits exotiques, de fleurs aux couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres, un paysage magnifique que même les plus chanceux m’envieraient, un quotidien qui ressemblerait davantage à un rêve qu’à une réalité, une chimère idyllique où l’argent ne serait qu’un vieux souvenir et le bonheur un cocktail sucré rafraîchissant sur une plage de sable blanc…

    Un coup de klaxon. Deux. Le second étant plus virulent que le premier et c’est peut-être bien ce qu’il me faut pour me tirer de mes songes. Couleur du feu : verte. Je peste contre mon prédécesseur avant de redémarrer en soupirant. J’étais tellement bien, ailleurs ! Tellement bien que j’aurais dû me douter que c’était trop beau pour être vrai ! Se méfier des choses qui font briller nos yeux, d’autant plus si l’éclat nous parait splendide. C’est l’une des choses que ma mère m’a apprises et que j’ai encore du mal à assimiler. Moi. La petite provinciale pas complètement embarquée dans cette galère qu’est Tokyo, toujours à croire que la capitale possède des fonds inexplorés, des trésors que seuls les plus téméraires pourront découvrir, des perles rares que je serai en mesure de saisir. Un jour…

    En parlant de trésors, me voici à Shibuya. Lors de ma première exploration en arrivant ici, c’est cet arrondissement qui m’a le plus chamboulée. Par ses couleurs, par sa vie, par ses univers improbables et tellement justes. J’aime beaucoup traverser ce quartier et pas seulement pour faire du lèche-vitrines derrière mon volant. On y rencontre tout et n’importe quoi, il suffit de balayer la foule du regard pour tomber sur un étudiant en uniforme, une kogal et son pot de peinture, un costume trois pièces ou un yukata. En fait, c’est un condensé de la ville en quatre pâtés de maisons. Ou quatre pâtés de gratte-ciels plutôt ! Je ne me lasse pas d’être éblouie par les néons toujours allumés, les piétons qui se mêlent et s’entrechoquent sans se voir ni se connaître, les marées humaines qui s’animent et s’interrompent au rythme des bonhommes rouges et verts… Et c’est là que mon activité reprend son cours, au cœur de cette foule dense et compacte. Il y a certaines places réservées aux taxis, sur le côté des buildings et parfois même devant les hôtels. Encore faut-il être référencé chez eux ! Tenshi-san, mon employeur, estime que travailler pour le compte d’un Marriott ou d’un Hilton, c’est avoir la corde au cou et une montagne de problèmes. Le client n’est plus roi, il est empereur et même Dieu, ce qui suppose d’être son serviteur et ce pour des tâches qui n’entrent pas dans nos corvées journalières. Aussi, la course lui revient une petite fortune mais nous n’en touchons qu’un maigre pourcentage, alors à quoi bon ? Mieux vaut être garé sur le côté en fin de compte.

    La portière arrière du côté droit s’ouvre, quelqu’un s’engouffre dans le véhicule alors que je n’avais pas même le temps de me garer correctement. La personne désormais installée dans mon taxi a l’air plutôt pressé et ce n’est pas bon signe. En règle générale, c’est synonyme de personnalité désagréable et froide, désorganisée aussi. Ma foi, un client est un client et au regard de la concurrence, je ne peux pas me permettre de refuser quique ce soit.

    " Bonsoir… "

    Pas de réponse. Je démarre et reprends l’axe principal en attendant l’annonce de la destination. Cette course promet d’être longue…




Dernière édition par Minata Setsuko le Dim 23 Sep - 21:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Sam 22 Sep - 20:17


    Encore une nouvelle nuit sur Tokyo, ou plutôt sur Shibuya, l’une des villes dite les plus peuplées du Japon, et on comprenait pourquoi en voyant cette masse d’humains qui grouillaient partout sur les pavés. Il y avait de tout, tous les pays, tous les styles. On cherchait un punk ? Il y en avait. Un rockeur ? En voila. Un salarié ? Juste ici. Vraiment, il y avait de tout pour tous les goûts. Et tout ce beau mélange donnait cette impression d’assister à un ballet sans fin. Tous virevoltaient dans toutes les directions, s’arrêtant, se tournant, faisant demi-tour. Voir tous ces êtres valser au rythme des feux clignotant rouge et vert, se déplacer sans prêter attention à ce qui les entourait, tout simplement vivre dans leur petite bulle, était époustouflant, même si quelque peu… énervant ? Savoir qu’ils restaient dehors alors que le soleil était couché était vraiment imbécile de leur part. Quand même, ils ne rentraient donc jamais chez eux ? Et après ils venaient se plaindre parce qu’ils se faisaient agresser. Ils tendaient la perche aussi, quoi !

    Mais pourtant, cela faisait maintenant plusieurs semaines que Jin venait à cet endroit précis, perché sur ce même immeuble, à contempler cette même scène. Il avait beau se demander pourquoi, la réponse ne venait jamais à lui. C’était comme si ce mouvement incessant l’hypnotisait. Et, cette nuit encore, il était là, allongé sur ce même toit, les pieds balançant en l’air dans un battement cadencé, les yeux rivés vers cette marée humaine. D’ailleurs, la situation l’amusait. Qui pouvait s’imaginer que là, perché à plusieurs mètres du sol, quelqu’un les observait ? Certainement personne. Et à cet instant, Jin pourrait faire ce qu’il voulait d’eux, personne ne le remarquerait.

    Un long bâillement s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il s’étirait de tout son long, pour au final se laisser retomber mollement sur le dos. En effet, il pourrait faire n’importe quoi mais il ne fera rien, du moins, pas cette nuit. Il avait tout simplement…la flemme. Ouai… la flemme. Et même si ces moments étaient rares chez lui, lorsque cette fainéantise le prenait… elle le prenait quoi, et pas qu’un peu ! Alors, il attendait que ça passe, comme à cet instant précis. Il aurait pu s’occuper en allant chasser comme toutes ‘bonnes’ créatures de son espèce, mais non, ça demanderait trop d’efforts. De plus il s’était déjà nourri il y a deux jours, donc il pouvait tenir jusque demain, normalement. Et puis, tuer par simple plaisir n’était vraiment pas son ‘trip’. Pourtant, il savait qu’il devra se décider à un moment ou à un autre de se remuer, surtout -même si il était encore trop tôt pour le dire- s’il ne voulait pas se faire carboniser par le soleil. La dernière fois que sa flemme l’avait prise, il avait passé sa nuit dans un parc et n’était rentré chez lui que tard dans la nuit, ou tôt dans la matinée, tout dépendait du point de vue sur lequel on se situait. Résultat, il s’était barricadé dans sa demeure pile au moment où les premiers rayons du soleil avaient fait surfaces. On pouvait dire que la chance avait été de son côté cette nuit là, ou alors l’idiotie d’être resté aussi tard dehors. En tout les cas, la leçon avait été retenue.

    Ce fut certainement grâce à ce mauvais souvenir que Jin surmonta sa fainéantise pour se redresser, étira chacun de ses muscles endoloris avant de replacer ses habits. Cette fois-ci, il avait mis quelque chose de simple : un pantacourt noir, une chemise bordeaux aux manches repliées sur ses bras, une veste également noire sans manche et à capuche de fourrure, ainsi qu’une écharpe toute aussi sombre faite d’un tissu léger. Rien donc de bien voyant, mais pas non plus trop banal. Bref… quelque chose d’à son goût. Fin prêt à faire son apparition, il se releva et se rapprocha du vide. Tout en bas, une petite ruelle plongée dans le noir longeait le bâtiment. Comme à chaque fois qu’il venait ici, il empruntait ce chemin. Ben oui, Jin n’allait quand même pas poser pied à terre en plein milieu de la voie en criant un ‘TADAA !’ ! Ce serait le suicide assuré en plus de semer la pagaille dans la foule.

    Mais soudain, une chose vint trancher cette petite routine. Un cri, étouffé, provenant de la ruelle en question. Jin se pencha un peu plus et plissa des yeux pour voir de quoi il en coulait. Deux personnes se trouvaient là et semblaient bien agitées, un peu trop même. Et cette constatation fit soupirer Jin. Vraiment, les gens ne pouvaient-ils donc pas aller dans des hôtels pour faire ce genre de ‘chose’ ? Comment allait-il faire pour descendre maintenant ? Enervé, l’adolescent fit claquer sa langue contre le palais et s’apprêta à chercher un autre moyen de descendre lorsqu’un bout de leur conversation lui parvint lointainement aux oreilles mais assez pour comprendre de quoi il en revenait, et cela l’agaça encore plus. La situation qui se déroulait en bas n’était pas celle à quoi il s’imaginait. Non, loin de là. La jeune fille était en train de se faire agresser en direct ! Bah… ouai, ça en avait tout l’air. Peut-être que le vampire devait intervenir ? Mais il avait trop la flemme, et puis il devait le dire, ce n’était pas comme si il était en forme, surtout après deux jours sans boire. Alors peut-être devait-il laisser faire ? Mais sa conscience lui ordonnait de réagir. Et si l’individu qui se trouvait avec elle était un autre vampire ? Dans ce cas sa mort allait être assurée s’il intervenait dans son ‘repas’. Pesant le pour et le contre, cherchant à savoir s’il allait l’aider ou non, un énième hurlement de frayeur fit pencher la balance d’un côté. Rah ! Un jour sa gentillesse le perdra ! Jaugeant donc la hauteur de l’édifice à quelques misérables mètres, Jin sauta avec grâce de balcon en balcon pour atterrir en silence sur ses pieds. Parfait ! Le type dos à lui ne semblait pas l’avoir remarqué, sauf que… Jin n’avait aucune idée de quoi faire à présent. Disons que les combats n’étaient pas vraiment sa tasse de thé.

    « S’il-vous-plait ! Aidez-moi ! »

    Les yeux plantés dans ceux de Jin, la jeune fille venait de remarquer sa présence. Bon ben… sa tentative pour attaquer incognito venait de tomber à l’eau, hein… et ce n’était pas une si bonne idée, surtout lorsque le type en question se retourna vers la frêle créature aux cheveux blonds et se redressa… encore et encore… pour au final dépasser… de deux têtes celle de Jin ! Ouai… c’était même une très mauvaise idée. Pourcentage de chance de partir d’ici sans blessures : … 10% ? Alors autant y aller franc jeu.

    « Heu… Excusez-moi, mais… si j’étais vous je m’en irais, surtout si vous ne voulez pas que je vous fasse de mal…»

    Mensonge ? Pas tout à fait, mais c’était surtout pour éviter le pire, pour les deux parties.

    « M’en aller ? Laisse-moi rigoler sale microbe, t’pourrais même pas faire peur à une mouche ! D’ailleurs, l’temps qu’j’y pense, s’tu pouvais virer ta gueule d’ange de super héro ailleurs, j’ai des trucs à faire là ! »

    Oook ! Au moins ça ne pouvait pas être plus franc ! Et à vrai dire, cette franchise irritait Jin. Et, vampire ou non, ce type ne connaissait apparemment pas la signification du mot ‘respect’, et cela l’énerva encore plus. Il devait se croire tout permis avec ses gros bras et sa taille de géant. L’homme se tourna plus franchement vers lui et sortit un couteau de sa ceinture.

    « T’es sourd ou quoi ! J’t’ai dit d’dégager ou j’te plante sale merdeux ! »

    Bon, ce n’était pas un vampire, ça c’était sûr. Ces-derniers ne se trimbalaient pas avec un objet pareil, ou du moins pas à la connaissance de Jin. Et en plus ils n’ont pas cette façon de parler aussi…infecte. Donc, c’était bel et bien un humain. Un chasseur alors ? Ca aurait été plus probable… mais les chasseurs n’attaquaient pas d’autres humains. Alors, ce type face à lui n’était qu’un individu quelconque. Qu’on ne venait pas demander après pourquoi cette espèce horripilait pas mal de monde, hein, alors que la réponse était juste devant ! Profitant de son inattention, la jeune fille tenta de s’enfuir, mais son kidnappeur la retint par le bras.

    « Reste la ma belle, j’pas encore eu l’temps d’m’occuper d’toi ! »

    Vraiment grossier, cela en était écœurant ! Et Jin ne pouvait continuer de rester impassible face à la situation. Profiter d’une personne sans défense, et ici plus faible, insulter, menacer, et en plus de tout ça agresser ? Non, là c’était vraiment plus possible ! Alors, d’un bond, Jin apparut près de l’homme et lui envoya une puissante droite dans la mâchoire. Malheureusement, certainement sous la surprise de cette brusque approche, le type parvint à taillader assez profondément l’avant-bras gauche de l’adolescent qui grimaça en sentant la lame lui lacérer la peau. Ça, c’était pas sympa, et ça faisait même horriblement mal, même pour un vampire ! Car oui, qui dit vampire, ne dit pas insensible à la souffrance physique.

    Dans une grimace, Jin plaqua une main sur sa plaie pour stopper l’écoulement de sang et se tourna en direction de la jeune fille mais à la place tomba nez à nez avec… un mur ! Hé ! Sans même demander son reste elle s’était éclipsée. Et remercier ! Elle ne connaissait pas ça ?! Lâchant un grognement de contrariété, il reposa ses yeux dilatés sur l’imposante silhouette qui tentait de se remettre debout.

    « T’es qui s’pèce d’enfoiré ! »

    Cette remarque des plus adorables crispa le jeune homme d’effroi. Même si sa nature était plutôt calme et très pacifique, toute bonne chose avait toujours des limites, et là, elles étaient atteintes depuis bien longtemps. Et pour l’individu face à lui, ce n’était pas bon signe, surtout si son dernier souhait avait été de rester en vie. Jin faisait certainement parti des rares vampires qui avaient encore un peu de considération pour les humains, au point de ne pas sauter sur eux comme de la misère sur le monde, mais bien sûr, lorsqu’il croisait ce genre de personne qui se prenait pour le bon Dieu, là ses émotions ne pouvaient plus rien faire.

    « Qui je suis ?, demanda Jin les sourcils froncés. Certainement la dernière personne que tu verras. »

    Et à ses mots, il franchit les quelques mètres qui les séparaient en une fraction de seconde pour aller plaquer le corps lourd contre le mur et planter ses canines dans son cou. Cette enflure venait de le faire saigner en plus de le mettre en rogne, alors, en toute logique il allait soigner Jin de sa vie.

    Au fur et à mesure des longues gorgées qui quittaient ce corps devenant peu à peu inerte, ce nectar chaud coulait le long de la gorge du vampire pour se disperser dans la moindre de ses veines. C’était dingue quand même comme un peu de sang pouvait faire autant de bien, même si d’ailleurs ce-dernier n’était pas ce qui était appelé un bon ‘cru’. Il était même assez amer, mais bon… on ne crache pas sur de la nourriture offerte.

    Jin posa ses yeux sur sa blessure qui ne saignait plus grâce à ce remède miracle. C’était déjà ça, mais pour le reste il fallait encore attendre. Jin n’avait pas assez d’expériences pour réussir à se soigner rapidement. Et il n’aimait pas cette situation car cela le rendait impuissant. Même si ce n’était qu’une simple ‘égratignure’ il ne pouvait utiliser son bras comme il se le doit, et c’était un handicape intolérable pour un vampire, surtout si il venait à se battre.

    Mais, tout à coup, un déclic résonna tout contre son oreille, le faisant s’arrêter net dans son diner.

    « Lâche-le et retourne-toi doucement! »

    Jin soupira à l’entente de cette voix ferme d’homme. Il commençait à en avoir assez. Pourquoi diable n’était-il pas resté sur son bâtiment ? Il aurait pu être tranquille ! Ben non… ce genre de pétrin était toujours pour lui. Sans chercher à rechigner la demande si ‘polie’, Jin décrocha ses canines de la chaire devenue froide de sa proie, qui ce-dernier s’écroula sur le sol, et il détourna simplement la tête… pour tomber nez à nez avec le canon d’un pistolet.

    « Je vois, tu es donc aussi l’un des leurs !, lança l’homme armé, dégouté. »

    L’un des leurs ? Parlait-il des vampires ? Dans ce cas cela voulait dire qu’il était un chasseur. Et le savoir n’était pas une nouvelle très appréciée. C’était la première fois que Jin en rencontrait un. Jamais Yuu n’avait voulu qu’il les approche, et peut-être n’était-ce pas une si bonne idée que ça de l’avoir laissé dans l’ignorance.

    « Qui est tu? Et je ne répéterai pas ma question! »

    Il enleva le cran de sécurité de son pistolet, montrant qu’il n’avait pas peur de l’utiliser en cas de besoin ainsi qu’une certaine expérience dans le domaine. Sauf que, malheureusement pour lui, Jin ne comptait pas lui donner son identité. La première leçon que son père lui avait apprise était de ne jamais dire qui il était s’il voulait rester en vie…et il ne comptait pas mourir cette nuit là.

    Ses forces décuplées grâce au sang qu’il venait d’ingurgiter, il se déplaça rapidement sur le côté, lui donna un coup sur le poignet pour lui faire lâcher son arme, et s’enfuit à travers la foule. Ainsi, le chasseur n’oserait jamais tirer parmi ce monde. Mais ce problème comptait aussi pour le vampire. A cause de toutes ces personnes, il ne pouvait se déplacer convenablement, et la douleur de son bras qui continuait à le tirailler n’arrangeait rien. Il ne lui restait donc qu’une solution : utiliser la manière humaine de s’échapper, c'est-à-dire les transports.

    Courant droit en direction de la route, il aperçut un taxi vide ralentir le long du trottoir, et, n’attendant même pas que l’automobile s’arrête complètement, il ouvrit la portière et se jeta à l’intérieur dans un gémissement de souffrance. Une légère voix féminine s’éleva, mais Jin était trop occupé à regarder derrière lui pour l’écouter. Et la voiture reprit la route. Les yeux du garçon parcourant les moindres visages, le chasseur ne se montrait pas, et cela n’était en rien rassurant. Il devait pourtant être là, quelque part !

    Jin se rappela brusquement qu’il n’avait pas donné sa destination à la conductrice du taxi. Alors, ni une ni deux, il annonça d’une voix qu’il tenta de rendre posée.

    « Pour l’instant roulez s'il-vous-plait, je vous dirais déjà où vous arrêter. »

    Oui, il devait s’éloigner loin d’ici, de ces quartiers, de ce monde.

    Son bras le lança douloureusement alors qu’il s'installait correctement, lui tirant une grimace. Vraiment, ce type n’y était pas allé de main morte ! Pourtant la plaie ne semblait pas bien profonde. Jin fit claquer sa langue de mécontentement en relevant les yeux, croisa ceux de la conductrice et eut un sourire qu’il tenta de rendre rassurant. Elle devait le prendre pour un fou, un tueur, ou il ne sait quoi d’autre. La pauvre…il fallait la comprendre aussi, ce n’était pas tous les jours qu’un type blessé, recouvert de sang, entrait dans un taxi.

    « Ces satanés chats errants, ils sont coriaces quand ils le veulent. »

    Il rigola nerveusement à son explication bancale, mais surtout pour éviter qu’elle ne se pose trop de questions ou qu’elle ne fasse trop d’histoire. Avec les humains, il fallait être prudent et s’attendre à tout, même au pire.

    Un autre regard derrière lui, et… Jin l’aperçut, le chasseur, dans un autre taxi qui les suivait. Persévérant, et ce n’était pas bon signe.

    « Excusez-moi, fit-il à la conductrice, est-ce que vous connaissez un endroit ou même un moyen pour semer le taxi juste derrière nous ? Je crois que l’homme qui est assit à l’arrière est jaloux de ma veste. Et disons que je n’aimerais pas la lui donner, si vous voyez ce que je veux dire ? »

    L’humour ? Le meilleur moyen que Jin avait pour dissimuler ses émotions un peu trop… fortes.


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MessageSujet: Re: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Mar 2 Oct - 15:34


    Embrayage. Première. Embrayage maintenu. Deuxième. Embrayage maintenu… Un coup d’œil bref dans le rétroviseur puis un pincement de lèvres. Mon rythme cardiaque s’accélère, ma cage thoracique se contracte et le sang bat soudainement mes tempes. L’anxiété grimpe au fur et à mesure que j’avance et me faufile dans cette circulation, essayant de rester calme tout en agrippant mon volant plus fermement. Il faut que je contrôle cette angoisse car mon passager peut, à tout moment, se rendre compte de cette attitude douteuse…et qui sait, alors, ce qu’il adviendra de moi ? L’homme installé sur la banquette fit une première requête à laquelle je m’abstins de répondre. J’acquiesçai cependant la tête sans savoir s’il se souciait véritablement de mon comportement. Un deuxième coup d’œil me rassura néanmoins car il s’inquiétait apparemment davantage de ce qui nous précédait que de son propre chauffeur. J’avais donc le temps de réfléchir tranquillement et de l’examiner un peu mieux.

    Style vestimentaire atypique, coupe de cheveux pour le moins originale, un aspect soigné si on oublie les tâches de sang…il aurait pu passer inaperçu. A Tokyo du moins. Il semblait plus jeune que moi, peut-être bien que nous étions de la même année, ce qui me rendit d’autant plus mal à l’aise. Comment peut-on gâcher sa vie et être pris dans des engrenages criminels quand le temps nous appartient encore ? Je secouai brièvement la tête en imaginant les pires atrocités le concernant, me rabrouant intérieurement. Non seulement je n’étais pas du genre à juger hâtivement les autres, mais en plus je détestais ça…ce qui ne m’empêchait pas de le faire en ce moment-même ! Il changea de position, me laissant involontairement entrevoir sa blessure au bras et mes sourcils se froncèrent. Ce n’était pas beau à voir et s’il ne se faisait pas soigner rapidement, il aurait très certainement une cicatrice. Pour en posséder moi-même quelques-unes mémorables, je connaissais le sujet ! J’avais du mal à ne pas être intriguée et même si je maîtrisais ma conduite, il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour remarquer que je l’observais. Lorsque son regard croisa le mien, je me sentis honteuse et détourna immédiatement mes yeux. J’aurais dû les soutenir cependant, ne serait-ce que pour lui faire comprendre que j’avais tous les droits dans mon taxi. Mais c’était sans compter les remords d’une Setsuko fidèle aux valeurs transmises par sa maman.

    Il me donna une explication sans que j’aie à lui demander quoique ce soit. Cela aurait été déplacé et contraire à mes habitudes, situation exceptionnelle ou pas, surtout si c’était pour me fournir une excuse aussi bidon que celle-ci ! Des chats…errants ?! Pour quelle raison voudrait-on attraper des chats errants ? S’il travaillait à la fourrière ou faisait partie d’un des services de la ville, pourquoi pas ? Mais il ne possédait pas d’uniforme accréditant cette hypothèse…Dans ce cas, disposait-il d’une collection d’animaux empaillés ? Les faisait-il lui-même ?! Seigneur… Je devais absolument me sortir de la tête ces horribles images ! Un sourire forcé tira mes traits tendus alors que je faisais mon possible pour me concentrer sur la route. A nouveau, le client engagea la conversation et m’imposa une requête que je n’étais pas en droit de refuser. A moins de le balancer sur le côté de la route, je ne voyais pas comment j’aurai pu me débarrasser de lui…d’autant que je prenais mon travailleur trop à cœur pour tenter quoique ce soit qui puisse me rayer de la carte des taxis. Je devais faire mon job, soit contenter mon client et l’emmener là où il le désirait…et s’il fallait pour cela semer un dangereux mafieux ou je ne sais quel toxico, j’étais prête à le faire ! Mentalement. Dans la pratique, c’était plus compliqué que ça !

    " Je vais voir ce que je peux faire pour votre…veste. Vous avez bien enclenché votre ceinture, n’est-ce pas ? "

    Mesure de précaution oblige.

    Accélération. Embrayage. Cinquième. A ce stade, je savais déjà que j’allais brûler des étapes…et sûrement abîmer les plaquettes de freins. Je me déportai sur la gauche puis sur la droite en un ballet incessant de virages. La poursuite était lancée tandis que le véhicule nous collait aux basques et je n’aimais pas ça du tout. Si je voulais me sortir de ce pétrin, je devais d’abord expédier l’homme qui avait pris place dans ma voiture. Autant ne pas la jouer finement dans ce cas…et enfreindre quelques règles faites pour ça ! Je passai à l’orange, grillai un autre feu tandis que les coups de klaxons allaient bon train. Un carambolage ? Voilà que je me mettais à guetter le coffre comme si ma vie en dépendait ! Qui sait si ce n’était pas le cas ? D’un instant à l’autre, mon passager pouvait sortir un 9 millimètres et me le flanquer sur la nuque parce que je n’allais pas assez vite à son goût ! Ne pas céder à la panique et filer droit. Ne pas céder à la panique et filer droit. Ne pas céder à la panique et filer droit… Énième bifurcation in extremis sur la gauche, descente saccadée d’escaliers avant d’atterrir brusquement sur la chaussée. Ma respiration s’était coupée une fraction de secondes, le temps de repartir sans perdre une minute. Je ne regardais plus dans le rétroviseur, je n’en avais plus la force. J’avais bien trop peur que le jaloux intempestif soit toujours à nos trousses.

    " …ça va…vous ? "


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MessageSujet: Re: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Jeu 4 Oct - 14:02


Spoiler:


    Si seulement il s’était imaginé un seul instant que cette soirée allait se dérouler de cette façon, jamais Jin ne serait sorti de chez lui. Et dire qu’il avait dû se battre avec ce flegme pour se motiver à sortir prendre un peu d’air... S’il avait su à l’avance, il aurait laissé cette fainéantise le clouer au lit. Rien qu’à penser à cela, à cette nuit calme et tranquille qui l’aurait attendu à bras ouverts, un discret soupir traversa ses lèvres. Si seulement il avait su… Malheureusement, contrairement au fait qu’il était vampire, devin ne se trouvait pas être dans ses aptitudes, et c’était bien dommage. Il aurait pu tout faire pour éviter d’aller se promener à Shibuya, de se reposer sur cet immeuble, d’assister à cette agression, d’y intervenir, de tuer cet homme, de tomber sur un chasseur, de se retrouver dans une course-poursuite, et surtout d’y mêler une jeune femme qui n’avait rien demandé. Sauf que le destin avait décidé autrement, et toutes ces actions étaient en train de se dérouler les unes après les autres. Vraiment, cette nuit se transformait en désastre.

    Néanmoins, Jin devait l’avouer, il était heureux, presque excité de ce qui lui arrivait à cet instant précis. Pas à cause de ce tueur qui le pourchassait, le vampire l’aurait bien supprimé s’il en avait le courage et surtout une bonne raison de le faire… non ce bonheur était simplement dû au fait qu’il se trouvait dans une voiture. Cela pouvait être un sentiment exagéré aux yeux de beaucoup de personnes, si ce n’est tout le monde à dire vrai, mais durant ces longues années de vie c’était la première fois qu’il montait dans un véhicule. Bien sûr ce n’était pas comme si il venait de découvrir leur existence, il savait très bien à quoi elles servaient, comment elles fonctionnaient et pleins d’autres choses grâce à ses nuits où il les passait à observer la vie humaine -après tout, ce n’était pas comme si il avait d’autres occupations à faire… Et puis, maintenant que son père n’était plus là, Jin en profitait pour découvrir le monde, même si au fond de lui il avait la sensation de trahir son paternel. Yuu avait toujours refusé catégoriquement d’utiliser les transports humains pour se déplacer, comme pleins d’autres choses qui les touchaient d’une quelconque façon, et ça, le jeune vampire n’avait jamais compris pourquoi. Même si ils étaient des êtres de la nuit vivant des générations entières, ils devaient bien s’habituer à l’époque présente, non ? Pourtant ce n’était pas l’avis de Yuu. Et c’était en partie à cause de cela que Jin n’avait eu d’autre choix que de rester enfermé dans leur demeure, barricadé au monde extérieur. Mais maintenant, tout était différent. Depuis deux ans Jin était enfin libre de faire ce qu’il voulait ! Et voilà où cela le menait : à se faire traquer par un chasseur. Peut-être aurait-il finalement dû écouter l’opinion de son père…

    Mais l’interdit attirait toujours les enfants trop curieux, n’est-ce pas ? Et c’était ce que Jin était, un enfant trop curieux, peut-être de trop. Cependant, grâce à cette curiosité qui lui faisait défaut il avait pu exaucer un de ses nombreux désirs : être dans une voiture. Alors, en toute logique, il ne put s’empêcher de laisser son regard vadrouiller sur la moindre petite chose qui pouvait être examinée, allant des sièges fermes et à la fois moelleux, au tableau de bord et ses innombrables boutons qui lui étaient inconnus, jusqu’à la carrosserie en générale qui était un poil oppressant. Il toqua ensuite deux petits coups contre la vitre qui se trouvait de son côté, découvrit une manivelle accrochée à la portière et la tourna. Aussitôt un courant d’air frais s’infiltra dans l’habitacle et Jin lâcha un petit rire. Vraiment, les inventions humaines étaient de grandes choses ! Et dire qu’il y a quelques années encore ces êtres se déplaçaient à l’aide de chevaux. C’était amusant de voir à quel point le monde changeait. Si seulement Yuu était là pour voir ça !

    Après avoir profité une dernière fois du vent caressant ses cheveux blonds, Jin referma la fenêtre, préférant rester dans cette sécurité que le véhicule lui offrait, cette même sécurité que la jeune femme à l’avant ne semblait pas percevoir. L’ouïe affûtée grâce à ses dons, le vampire avait nettement entendu son rythme cardiaque s’accélérer depuis qu’il était installé dans la voiture. Elle avait peur… c’était certain. De lui ? Ca en avait tout l’air. Pourtant ce n’était pas cette impression que Jin cherchait à donner, loin de là. Sauf qu’avec ces tâches de sang maculant ses habits, sa blessure au bras, et la situation, c’était tout à fait normal qu’elle ne se sente pas à l’aise. Et ça, Jin l’avait très bien saisi de par cette angoisse qui coulait dans les veines de la conductrice mais aussi par ses regards fuyants. Il aurait bien voulu la réconforter, la rassurer en lui avouant qu’il ne lui ferait rien de mal, mais il ne savait pas comment s’y prendre. Et puis pour lui dire quoi ? « Je suis un vampire et j’ai tué un type tout à l’heure, c’est pour cette raison qu’un chasseur veut me tuer. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vous ferai pas de mal j’ai déjà bu ma dose de sang !». Même si ce n'était que la pure vérité, que Jin ne pourrait jamais faire de mal à un humain qui de plus l'aidait, elle risquerait d’avoir plus peur avec cette explication qu’autre chose, déjà que celle concernant les chats errants semblait l’avoir laissée perplexe.

    Jin souffla longuement, jeta un énième coup d’œil derrière lui pour voir le chasseur toujours à ses trousses, et reporta sa concentration sur son bras. Sa blessure commençait enfin à se refermer, doucement, mais assez rapidement pour que des yeux curieux s’en aperçoivent. Alors, il dénoua l’écharpe à son cou pour ensuite l’enrouler à l’aide de ses dents autour de son bras, espérant ainsi cacher cette vilaine plaie. Surtout qu’il avait remarqué le regard de la jeune femme sur son bras, et il ne voulait pas l’effrayer davantage, même si c’était trop tard vu son sourire crispé qui ornait à présent son visage pourtant si gracieux. Jin devait bien l’avouer, la conductrice était plutôt mignonne et ses yeux envoûtant auraient pu être magnifique s’il n’y avait pas eu cette pointe d’effroi pour ternir cette étincelle. Et par-dessus tout elle semblait jeune. Mais après pour lui donner un âge exact, c’était plus compliqué à faire.

    La voix mélodieuse de la conductrice sortit brusquement Jin de ses pensées, le rappelant par la même occasion qu’il fixait toujours le profil de la jeune femme ainsi que ses cheveux qui paraissaient être soyeux au toucher. Il secoua la tête pour remettre ses esprits au clair et eut un sourire chaleureux à l’entente de l’acceptation de son aide. Il allait enfin sortir du pétrin dans lequel il s’était embourbé ! Seulement lorsque la chauffeuse lui demanda s’il avait enclenché sa ceinture, son enthousiasme se volatilisa et un moment de battement passa durant lequel le vampire se demandait de quoi elle parlait. Il connaissait peut-être le fonctionnement d’une voiture, mais ce n’était seulement que de l’extérieur ! Son premier réflexe fut donc de baisser la tête vers son pantalon pour constater qu’effectivement il avait une ceinture. Sauf qu’après mûres réflexions, il se douta que ce n’était pas cette ceinture le sujet de leur conversation, mais bel et bien la ceinture de sécurité qu’il n’avait pas mise. Sans chercher à protester il attrapa la bande faite en nylon et, après avoir jeté un coup d’œil à la manière dont la conductrice s’était attachée, en fit de même. A peine le petit ‘clic’ se fit entendre que l’automobile accéléra brusquement, clouant Jin au siège qui poussa une petite exclamation sous la surprise. Sans même avoir le temps de se ressaisir les virages se succédèrent les uns après les autres, toujours plus violents, toujours plus rapidement ! Jin comprenait mieux maintenant pourquoi elle lui avait demandé si sa ceinture était mise, il se serait déjà retrouvé dans le coffre, sur la plage avant, ou même écrasé dans un coin de la voiture les pieds en l’air et la tête en bas !

    Tournants après tournants, feux rouges grillés, coups de klaxons, accélérations et freinages, Jin ne savait plus où donner de la tête et ne savait plus à quoi s’accrocher pour ne pas se retrouver secouer dans tous les sens. Il allait mourir cette nuit, c’était sûr ! Et dire qu’il avait cru trouver sécurité dans une voiture… Pourquoi n’était-il donc pas devin ! Après un énième coup de volant vers la gauche qui les mena droit vers des escaliers, Jin se crispa avant de s’agripper fermement à la poignée de la portière qui grinça sous ses doigts. Les secousses ne tardèrent pas à se faire sentir et lui aplatirent l’arrière train. Pourquoi diable avait-il donc eu la magnifique idée de sortir cette nuit ! Si son cœur était à cet instant encore en vie, il aurait certainement fait une crise cardiaque, au moins trois fois ! Sentant un mal de voiture le submerger sous les paysages qui défilaient à une vitesse folle, il déglutit difficilement et ferma les yeux, s’attendant à une violente collision. Heureusement, le tamponnement cessa enfin, contrairement à la course poursuite qui, elle, ne semblait pas avoir de fin.

    Accroché à tout ce qui était à porté de main, Jin n’osait plus bouger de peur de se voir catapulter en dehors de la voiture, et peut-être était-ce une bonne chose au fond. Au moins il n’aurait plus besoin de se retrouver ballotter dans tous les sens… Et puis la jeune femme pourrait ainsi repartir sain et sauf. Car oui, à cet instant Jin s’en voulait énormément de l’avoir entraîné dans cette histoire. Il s’était attiré seul des problèmes, alors il aurait dû les résoudre seul. Seulement c’était trop tard maintenant, le mal était fait… La voix légèrement tremblante, la chauffeuse s’inquiéta de l’état de l’adolescent, et elle avait bien raison même si elle n’avait pas réellement besoin de le lui demander, il suffisait de voir son visage crispé pour comprendre que Jin avait connu des jours meilleurs. Sauf qu’elle semblait ne plus vouloir regarder dans le rétroviseur. De peur ? Il n’y avait pas de doute là-dessus.

    « Je crois…, répondit le vampire en regardant son bras blessé. Je suis toujours en un seul morceau… en tout cas. »

    …ou plutôt : du moins. En raison de la conduite quelque peu abrupte, Jin avait crispé ses doigts sur son siège, sauf que la peur ayant été plus forte qu’il ne l’avait imaginé, ses ongles avaient troués le tissu où à présent de la mousse en ressortait. Toutefois il ne s’en préoccupait pas, sa forte crispation avait ravivé la douleur de son avant-bras, rouvrant par la même occasion sa plaie qui recommençait à saigner. Et cela ne lui plaisait pas. Mais au moins le chasseur n’était plus derrière eux ! Mais comme on dit : ‘Il ne faut pas crier victoire trop vite !’

    « Mais je ne m’inquiète pas tant de mon état, continua-t-il. Grâce à vous je suis encore en vie, et c’est cela le plus important. Alors… merci. »

    Puisqu’il était arrivé aux aveux, il en profita pour vider son sac.

    « Je suis désolé de… »

    Un brusque coup de volant l’arrêta net dans sa phrase. Un autre taxi venait de débouler de nulle part et avait failli les emboutir de pleins fouets. C’était leur poursuivant, encore ! Le chasseur n’avait apparemment pas envie de les laisser partir tranquillement ! Et Jin en était de plus en plus agacé. Il devait agir au plus vite avant d’avoir un deuxième cadavre sur les mains !

    « Je suis vraiment désolé de vous avoir entraîné là-dedans, vraiment !, reprit-il. Seulement je ne souhaite pas qu’il vous arrive quelque chose par ma faute, alors s’il n’y a pas d’autres choix, laissez moi descendre et allez vous en, je me débrouillerai pour le reste. »

    Il passa une main sur son écharpe ensanglantée et fronça des sourcils. Il se débrouillera déjà…du moins s’il pouvait se battre avec un bras en moins face à un chasseur armé et empli de haine… Mais si c'était pour aider la jeune femme, alors il n'hésitera pas à utiliser les grands moyens.


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MessageSujet: Re: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Ven 26 Oct - 18:49


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    Quelqu’un a dit un jour que les gens qui ne sont pas comme nous nous dérangent. Que cette différence qui les caractérise nous rend vulnérable parce qu’elle nous est étrange, inhabituelle, bizarre. On ne peut pas s’empêcher de les regarder, de les détailler, d’observer leurs moindres faits et gestes à l’image de curiosités mondialement connues du style Femme à Barbe ou Elephant Man. Je n’aimerais pas être associée à ces spectateurs outranciers, adeptes du voyeurisme mais…je ne peux pas faire autrement que de regarder mon passager dans le rétroviseur. J’ai l’impression de conduire un gamin, un môme débordant d’énergie à qui il manque une mère pour le recadrer et lui dire de ne pas toucher à tout, de rester tranquille, de s’installer confortablement contre le dossier de son siège et de ne plus bouger jusqu’à la fin du voyage. Peut-être qu’il agit sous l’influence de médocs ? Qu’il se comporte de cette manière à cause d’un champignon hallucinogène quelconque ? Il s’est adressé à moi dans un japonais courant avec une syntaxe plus que convenable, il est donc tout à fait en mesure de comprendre que lorsque je lui parle d’une ceinture, il est question de celle de sécurité…et non de celle qui cintre sa taille ! Bientôt, c’est moi qui vais halluciner ! A croire qu’on joue une scène de Retour vers le futur à Tokyo, sans le professeur et sa démence légendaire mais avec une conductrice de taxi perturbée et complètement à côté de ses pompes !

    Je n’avais pas besoin d’aider un fauteur de troubles, un criminel en fuite ou je ne sais quel mafieux traitre à son clan ! Mais maintenant que je m’étais engagée, je ne pouvais plus faire marche arrière. Comme j’aurais aimé, pourtant ! Parce qu’il venait clairement de me dire que je l’avais tiré d’affaire…et pas le genre prise de bec sans conséquence, non ! Genre armes à feu, crime organisé, règlement de comptes sanguinaire ! Je regrettais amèrement d’être désormais embarquée dans ce pétrin et ses excuses n’arrangeaient pas les choses, bien au contraire ! Cela prouvait à quel point je n’avais pas idée du taudis dans lequel je me retrouvais. Alors quoi ? C’était quoi ce cinéma ? Son air fautif et profondément sincère qui me provoqua un nœud au ventre ?! J’étais la méchante. La mauvaise personne qui ne voulait pas tendre une main compatissante et généreuse à ce malheureux blessé. Quel acteur ! Tellement bon que j’en éprouvais des remords ! Je braquai mon volant d’un coup sec pour nous propulser à cheval sur le trottoir, permettant ainsi aux autres véhicules de circuler sans encombre et de nous poser cinq minutes. Je tournai mon visage dans sa direction et le regardai d’un air sévère, les lèvres tremblantes. Si je ne faisais rien pour évacuer mon stress, j’allais très certainement mourir derrière mon volant. J’étais trop jeune pour ça et je n’étais pas prête à accepter de quitter ce monde à cause de mon professionnalisme exemplaire !

    " Vous voulez que je vous laisse descendre ? Vous parviendrez à vous débrouiller seul ? Laissez-moi rire ! ", dis-je la voix teintée d’amertume." Votre bras n’arrête pas de saigner, vous êtes poursuivi par je ne sais quel fou furieux et vous êtes totalement perdu dans un monde imaginaire où l’utilisation de la ceinture de sécurité vous est aussi familière que celle d’une courroie de distribution ! IL EST HORS DE QUESTION QUE VOUS QUITTIEZ CE TAXI !!! ", éclatai-je.

    Mes yeux devaient sortir de leur orbite de même que ma poitrine se soulevait toutes les deux secondes. Ma température corporelle avait maintenant atteint les 45°C et de la fumée sortirait très certainement de mes oreilles si nous avions été dans un cartoon des années 80. J’étais à bout par la montée d’adrénaline que je venais de subir à cause de mon client. Pour autant, il restait MON client.

    " J’ai sûrement commis des atrocités innommables dans mes vies précédentes et c’est la raison pour laquelle je suis punie aujourd’hui. Je dois accepter mon sort pour en être débarrassé et si c’est vous, mon sort…alors vous ne sortirez de cette voiture que lorsque je serai certaine de notre sécurité à tous les deux ", ajoutai-je d’une voix qui se voulait calme. Pas trop difficile, vu l’explosion nerveuse qui venait de se produire !

    Sans plus attendre, je me reconcentrai sur la route, jetai un regard dans l’angle mort et démarrai en trombe une fois la voie libre. J’allais rouler sans me préoccuper du reste. Rouler jusqu’à perdre de vue les gratte-ciels, les centre commerciaux, les sorties de métro, les quartiers populaires, les axes principaux et puis recommencer. Tourner en rond pour semer les pistes et me perdre parmi les centaines d’autres automobilistes. Tourner…jusqu’à trouver un coin tranquille, à l’abri des regards et surtout à l’abri des poursuiveurs tenaces. Une chose était sûre : je n’allais pas couper le moteur de si tôt.

    Le compteur affichait un montant que je n’avais jusqu’alors jamais imaginé possible pour une course au moment où je rangeai le véhicule. Une ruelle peu fréquentée sans être dangereuse, un environnement paisible, un endroit sûr que seuls les plus érudits connaissent. Peu de taxis s’aventurent dans les parages, notamment parce que les habitants avoisinent les quatre-vingt ans et nécessitent parfois leur aide. Un paquet de courses à porter, un animal de compagnie à sortir, il faut plus d’humanité que de professionnalisme dans ces cas-là et ce n’est pas un trait de caractère qu’on identifie aux chauffeurs. Je coupai les phares seulement et soufflai pour de bon. Je n’osai pas entamer la conversation. Je ne savais pas par où commencer, ni même si je devais commencer. Y avait-il quelque chose à dire ? Je ne voulais pas poser des questions qui resteraient sans réponse ou décevantes parce qu’éludées. Je regardai droit devant, me forçant pour ne pas le voir, l’entendre, ni même me soucier de son état.


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MessageSujet: Re: Damned customer !   Damned customer ! Icon_minitime1Sam 3 Nov - 15:31


    « A partir de maintenant il faudra que tu deviennes indépendant, ne penser qu’à ta seule survie, penser que la race humaine n’est qu’un simple amas de chair et de sang. A partir de cette nuit tu devras être un prédateur sans-cœur. Ne cherche à aucun moment à te rapprocher, à t’intéresser ou tout simplement à sympathiser avec ces êtres insignifiants. Il faut que tu comprennes, Jin, qu’à partir de maintenant tu ne fais plus parti de leur monde. Alors inutile de chercher à leur expliquer qui tu es, ils seront incapables de te comprendre. Et puis le faire ne risquerait que de t’attirer des ennuis. »

    Peut-être Jin aurait-il dû suivre les conseils de son père, au final. Après tout Yuu savait de quoi il parlait ; avec ses nombreux siècles d’existence, il avait de l’expérience dans le domaine. Pourtant, le jeune vampire n’avait pas voulu l’écouter, il ne voulait pas suivre la conception que son père se faisait d’autrui. Certainement le caprice d’un adolescent un peu trop rêveur de croire qu’il serait toujours accepté malgré son réel visage ? Ou la naïveté de croire que rien n’avait changé autour de lui à présent qu’il était devenu un vampire ? Sauf que tout avait bel et bien changé autour de lui en commençant par sa propre vie, la mort de sa famille, pour se terminer par la mentalité des gens.

    « Bon sang, ouvre les yeux et arrête d’être si immature, Jin ! Tu ne comprends donc pas que ce n’est plus un jeu, tu n’es plus dans ton petit univers tout rose et tout collant, mais tu es dans un monde où il faut se battre pour survivre ! Et si tu ne le fais pas, ne crois pas que les chasseurs te laisseront en vie uniquement parce que tu leur fais les yeux doux ! »

    Jin devait l’avouer, même si son père avait été rude dans ses mots, il avait raison sur bien des points. Néanmoins, encore une fois, son fils entêté n’en avait eu que faire de ses sages paroles ; il voulait lui montrer qu’il avait tort sur une chose, que le monde n’était pas si cruel que ce qu’il s’était imaginé.

    Cependant, présentement, tout lui laissait à croire que ‘illusion’ n’avait été jusque là que le maître de mot de ses convictions. Peut-être était-il réellement trop immature pour espérer comprendre ne serait-ce qu’un peu de ce monde qui a tant changé. Pour preuve, il avait sauvé un peu plus tôt la vie de cette jeune fille, et, en retour, que recevait-il ? La terreur d’une tierce personne, la haine d’une autre... Etait-ce donc ainsi qu’on remerciait quelqu’un ? Finalement, peut-être que le vampire aurait dû écouter son père, il aurait dû ne pas se préoccuper de cette demoiselle en détresse, laisser la situation tourner au désastre, et, peut-être que rien de tout ça ne serait arrivé. Sauf que ce n’était pas ce qu’il s’était passé. La cause ? La trop grande humanité du vampire, celle qui l’a poussé à réagir au risque de se plonger dans un tas de problèmes. Un tas de problèmes qu’il, sans le vouloir, transmettait à cette chauffeuse de taxi innocente.

    Voila pourquoi il voulait absolument sortir du véhicule au péril de sa propre vie. Embarquer cette jeune femme avec lui, dans ses soucis, dans sa stupidité qui l’avait poussé à se retrouver poursuivi par un chasseur, avait été une très grave erreur de sa part. Et il s’en rendait compte seulement maintenant, et il s’en voulait. Seulement, malgré ses excuses sincères, la chauffeuse ne semblait pas le croire. Encore une fois, Yuu avait raison : les humains ne pouvaient comprendre le monde dans lequel, lui, Jin, vampire, vivait. Alors, comment pouvait-il sortir cette femme de ses préjugées qui semblaient fermement ancrés dans son esprit ?

    Un énième coup brusque de volant, puis l’arrêt total de la voiture fit sortir Jin de ses pensées. Ils s’étaient stoppés sur le trottoir, mais pourquoi ? Voulait-elle réellement qu’il descende ? Pas que cela le dérangeait, bien au contraire ; l’unique chose qu’il désirait était la sécurité de la jeune femme. Toutefois, alors qu’il s’apprêtait à mettre la main sur la poigné, la chauffeuse se retourna pour le regarder en face, l’arrêtant net dans son geste. Devant son visage fermé, son regard dur, le vampire sentit une certaine tension naître dans son corps. Cependant, avant qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit, la voix de la conductrice éclata dans l’habitacle, évacuant ainsi toutes ses émotions qu’elle avait jusque là gardé en elle.

    Jamais Jin n’avait pensé qu’une telle animosité pouvait un jour être tournée contre lui, surtout venant d’un humain. Lui qui s’était promis de ne jamais leur faire de mal -sauf bien évidemment si il y avait une bonne raison de le faire, comme un peu plus tôt-, se retrouvait sermonné par l’un d’entre eux. Ironie du sort ? Cela en avait tout l’air vu l’expression sévère de la jeune femme. Elle semblait être des plus sérieuses dans ses propos, même lorsqu’elle lui fit remarquer de but en blanc que Jin agissait tel un enfant puéril, ou bien comme un aliéné. Et si à cet instant il ne montrait aucun signe, à l’intérieur de lui il avait l’impression de recevoir un coup de poignard. Il est vrai que peut-être Jin agissait à ses yeux comme s’il était dans son petit univers, et d’une certaine manière c’était le cas. Il vivait à présent dans ce monde qui lui a été fermé durant de longues années et où la seule chose qu’il avait eu le droit de voir était les murs de la demeure de son père. Seules de rares nuits par mois lui permettaient de sortir, mais pour faire quoi ? Attendre dans un parc désert, éloigné des villes, que son paternel lui ramène une proie. Alors, oui, il vivait dans son monde, un monde qui lui était totalement inconnu, un monde où des êtres de la nuit existaient. Mais ça, la chauffeuse ne le comprendrait pas même si le vampire le lui aurait expliqué.

    Alors, il se tut, ne cherchant pas à débattre, à protester, ni même à savoir ce que pouvait être une courroie de distribution au risque d’augmenter la colère de la chauffeuse. Il restait ainsi, assit sur son siège, sans oser bouger tel un enfant se faisant gronder par sa mère, son regard troublé ancré dans celui autoritaire de la jeune femme. Tout ce qu’il voulait était qu’elle vide son sac, qu’elle se calme, même si pour cela il devait en pâtir. Il sentait très bien qu’elle était à bout de nerfs, sa respiration ainsi que ses battements cardiaque se faisaient explicites sur son état. Et le seul fautif n’était autre que le jeune garçon. La seule chose qu’il lui restait à faire était d’attendre, de subir la nouvelle tempête de paroles glaciales et peut-être… vraies ?

    Toutefois, ce qu’il entendit par la suite le blessa un peu plus. Ainsi, pour elle, Jin ne serait qu’une sorte de fardeau qu’il faudrait se débarrasser à tout prix et le plus vite possible ? C’était donc cette image de lui qu’elle avait depuis le début ? Jin détourna son regard de l’humaine afin qu’elle ne s’aperçoive de son trouble, cependant, il ne put contenir un sourire d’étirer ses lèvres. Ce n’était pas un sourire d’amusement, loin de là, c’était un sourire blessé, énervé, crispé face à l’attitude de la chauffeuse. Elle ne connaissait rien de lui, ne savait pas ce qu’il lui était arrivé un peu plus tôt, et pourtant, elle s’était déjà faite une opinion du garçon. Le monde était-il donc devenu si différent de ses souvenirs ? Cela expliquerait beaucoup de choses, alors.

    Après cette vague cinglante, le calme revint dans l’habitacle, et peu à peu chez la conductrice. Cette dernière se retourna d’ailleurs face à la route et reprit sans un mot de plus sa course effrénée. Jin, quant à lui, ses pupilles brunes rivées sur un point invisible, son visage placide, il était perdu dans ses pensées, ne cessant de se répéter encore et encore les paroles qui lui avaient été dites. Il ferma finalement les yeux, tandis qu’une colère sourde s’insinuait comme un poison dans ses veines. Le vampire était en colère, oui, mais pas contre la jeune femme. Il était tout simplement en colère contre lui, contre son immaturité, contre sa stupidité qui lui faisait tant défaut.

    « Je suis vraiment désolé… de devoir vous faire subir cela. »

    Encore une fois, il était sincère. Il aurait même voulu la remercier de lui avoir ouvert les yeux sur ce que son père n’avait pas réussi à lui faire voir, sur la réalité de ce monde barbare, mais également la remercier pour le fait que, malgré la situation, la jeune femme mettait sa vie en danger pour pouvoir le protéger, - même si c’était certainement son côté professionnalisme qui la poussait à agir-, sauf qu’aucun de ces mots n’avaient voulu sortir de sa bouche. Le vampire était resté coïte, tentant péniblement d’avaler cette vérité qu’il avait du mal à imprégner, et cela durant tout le trajet. Il ne cessait de se poser des questions sur ce qu’il devait faire. Peut-être devait-il réellement changer, devenir plus mâture, devenir ce vampire sans cœur que son père désirait qu’il soit… peut-être qu’au fond il n’était pas fait pour ce monde sauvage…

    Les minutes s’écoulaient les unes après les autres, les bâtiments défilaient sous le regard vague du garçon et celui concentré de la chauffeuse, les virages s’enchainaient en boucle, et plus aucune trace du chasseur…

    Finalement, ce ne fut qu’un long moment plus tard que le véhicule s’immobilisa pour de bon dans une ruelle inconnue de Jin. De ce fait, il se rapprocha de la fenêtre pour examiner ce qui les entourait. Des immeubles, c’étaient tout ce qu’il y avait. Cet endroit, le vampire aurait pu croire désert tant il était paisible s’il n’avait pas remarqué les quelques fenêtres allumées un peu plus haut. Il ne chercha pas plus longtemps à savoir où il se trouvait, et retourna simplement s’installer au fond de son siège tandis que les feux du véhicule s’éteignaient, plongeant ainsi la voie dans une obscurité quasi-totale.

    Un brusque soupir se fit entendre, intriguant Jin. La chauffeuse était toujours aussi tendue, angoissée, énervée, voire même… gênée de la situation ? A vrai dire, le vampire avait dû mal à cerner ce qu’il se passait sous cette longue chevelure brune. Elle devait très certainement se poser des questions sur le pourquoi et le comment de tout cela. Et elle avait le droit. Après tout, elle lui avait sauvé la vie, et, peut-être était-ce pour cela que l’adolescent se décida que quelques explications seraient les bienvenues. Alors, avec des gestes lents, il détacha sa ceinture avant de s’avancer de quelques centimètres sur son siège, son regard fixant le rétroviseur, espérant ainsi capter celui fuyant de la chauffeuse.

    « Ecoutez… Je comprends tout à fait que vous soyez effrayée par ma faute, si j’étais à votre place, je le serais certainement aussi. Toutefois, croyez-moi, je n’ai pas l’intention de faire du mal à qui que ce soit. Et puis, je ne suis même pas armé… Peut-être que ce que je vais vous expliquer vous laissera insensible, peut-être que vous allez douter de ma sincérité, mais je n’ai rien de quelqu’un de mauvais…. Ce n’est pas dans ma…nature. »

    A prononcer cette dernière phrase de façon si sérieuse la laissa dubitatif. Ce n’était pas dans sa nature, hein ? Pourtant il était un vampire, et, en tant que tel, dire cela n’était qu’un mensonge puisque qu’il se nourrissait uniquement de sang humain. Pourtant, ce qu’il disait était la vérité. S’il mordait les humains, ce n’était que par pure obligation. S’il mordait les humains, il ne choisissait pas des proies innocentes. S’il mordait les humains, il les laissait toujours en vie. Alors, non, il faisait tout pour éviter de les faire souffrir. Tuer des animaux ? Il y avait déjà pensé. Sauf que, lorsqu’on apprend à quelqu’un de faire telle ou telle chose, il leur est ensuite difficile de s’écarter de cette voie tracée.

    Il se passa une main dans les cheveux et détourna la tête, sentant bien que ce ne seraient pas ses paroles qui allaient la faire changer d’avis. Son attention capta soudain le petit cadran où le montant de la course était indiqué et, en constatant la somme astronomique, il secoua la tête en glissant ses doigts sur son visage. Il n’en revenait pas, la vie était donc devenue si chère que ça ? Comment allait-il pouvoir payer ? Ce n’était pas grâce à ses maigres commandes de fleurs qu’il allait pouvoir payer une somme pareille ! Néanmoins, ce problème n’était pas le plus important. Il fronça des sourcils tandis qu’il reportait son attention sur la femme.

    « Cette plaie que j’ai au bras, ce n’est pas ce que vous imaginez. Je ne fais pas parti d’une quelconque bande de mafieux, et encore moins d’un gang tout court. Tout à l’heure, alors que je me promenais, une jeune fille s’est fait agressée et je suis venu la secourir. Voila pourquoi je me retrouve blessé et poursuivis par cet homme. Mais encore une fois, c’est à vous de me croire ou non… »

    Oui, c’était à elle de décider, le garçon ne pouvait rien faire pour et encore moins l’y obliger. Peut-être qu’elle n’allait rien comprendre, c’était aussi une possibilité. Et si c’était le cas, alors son père avait raison… Seulement, Jin espérait qu’il y ait encore un espoir, que les humains n’aient pas tant changé.

    « Avant que vous ne soyez définitivement débarrassée de votre mauvais ‘sort’, je voulais encore une fois vous remercier. Vous avez mis votre vie en danger pour me sauver, et cela, je ne l’oublierai pas. Alors… merci, sincèrement. »

    Il se courba pour lui montrer toute sa gratitude, puis, étant donné que sa présence semblait dérangée plus qu’autre chose la conductrice, il chercha son porte-monnaie dans sa veste et en sortit les quelques billets qu’il possédait. Mais malgré la petite somme qu’il avait en main, cela ne suffisait pas à payer la totalité du montant de la course. Toutefois, il lui tendit déjà ce qu’il avait et lui demanda d’un ton désolé.

    « Je n’ai que cet argent sur moi, alors… avez-vous une adresse où je pourrais vous envoyer le reste? Ou peut-être même l'adresse de votre agence? Ou bien ...vous payer un restaurant pour vous montrer à quel point je vous suis reconnaissant ? »

    Il lui fit un sourire amusé, espérant ainsi détendre un peu l’atmosphère qui était jusque là bien tendue.



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Damned customer !

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